Jeudi 1er décembre 1870
Lettre de Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers (Paris) à sa fille Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Paris, le[1] Jeudi 1er Xbre 1870
Ma chère petite Nie,
Après les nombreuses lettres que je t'ai adressées et qui sont restées sans réponse, je désespère que celle-ci ait un meilleur sort. Je veux seulement, si elle te parvient, qu'elle te dise que nous sommes tous en parfaite santé, toujours remplis d'espérance et pas malheureux pour la subsistance.
La défense de Paris est commencée avec succès. Le Canon de nos forts n'a pas cessé depuis deux jours on est plein d'espérance < > conduisent à merveille, espérons qu'enfin nous l'emporterons ; on est décidé à tout, plutôt que de céder.
Il me semble que nous nous embrasserons bientôt. Aie du courage, ne te chagrine pas, nous allons tous, tous très bien. Julien[2] est toujours au fort ; Alfred[3] est incorporé dans l'armée de marche, il est encore avec nous et n'est sorti que Mardi, ça chauffait fort mais ce cher enfant nous est rentré en bon état.
M. Lafisse[4] a de bonnes nouvelles, comme avec ma sœur[5], c'est venu par dépêche photographique. Tâche de nous écrire par ce moyen en faisant passer par Tours. On reçoit maintenant beaucoup de lettres de toutes les parties de la France. Je ne doute pas que vous n'ayez essayé de nous faire parvenir des vôtres mais nous n'avons pas été assez heureux pour les recevoir !... elles nous seraient si précieuses !... Où êtes-vous ? et comment
Aglaé[6] t'a écrit Dimanche dernier comme tu le penses bien, ce n'est pas la 1re fois. Julien et Alfred t'ont écrit également.
Je t'ai, plusieurs fois parlé de ce bon m. Auguste[7] et t'ai prié de faire part de sa mort à ses chers frère et sœur[8]. Son convoi a eu lieu le 15 Novembre. Il emporte les regrets de tous ceux qui l'ont connu.
Adieu ma bien bien chère enfant, embrasse < > nous tous et sois bien persuadée que mon amitié pour toi et < > raison de la < > d’entendre < > oublié < > privation de toi
Mère amie
A.D.
Pauline et F.[9] ne t'oublient pas non plus. Amitiés à la bonne <>
Notes
- ↑ Mention imprimée. La photocopie de cette lettre a modifié la place de certaines phrases.
- ↑ Julien Desnoyers, mobile au fort d’Issy.
- ↑ Alfred Desnoyers.
- ↑ Claude Louis Lafisse, séparé de son épouse Constance Prévost.
- ↑ Probablement Amable Target, veuve de Constant Prévost.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Auguste Duméril.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
- ↑ Pauline et François, domestique chez les Desnoyers.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Annexe
par ballon monté10
Madame Mertzdorff
département de Haut-Rhin
Pour citer cette page
« Jeudi 1er décembre 1870. Lettre de Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers (Paris) à sa fille Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_1er_d%C3%A9cembre_1870&oldid=43080 (accédée le 15 novembre 2024).
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