Jeudi 19 juin 1919

De Une correspondance familiale


Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris) à son fils Louis Froissart (mobilisé)


original de la lettre 1919-06-19 pages 1-4.jpg original de la lettre 1919-06-19 pages 2-3.jpg


19 Juin 19

Mon cher Louis,

Après avoir eu de tes nouvelles Dimanche par « ton patron » nous avons reçu ta bonne lettre dont je te remercie vivement.

Nos jeunes mariés[1] sont arrivés, comme convenu Dimanche matin : M. et Mme Daum ont pu te dire combien hâlés, rôtis, pelant. Quoique le soleil ne manque pas à Paris, ils reprennent une coloration un peu moins foncée et moins montagnarde. Ils courent du matin au soir les magasins de meubles et d’argenterie pour prendre des idées ; ils ne commandent rien maintenant.

Les Degroote[2] ont vu arriver Mardi une institutrice belge douée du plus pur accent de son pays. C’est dommage car elle paraît très bien et tout à fait la personne qui convient.

Pierre et Antoinette sont admirables : ils se sont prêtés à une vaste réunion hier soir qui a groupé ici Paul Duméril, les Soleil, le Général Leblond[3], Henriette David-Sauvageot[4], Mme Rich[5] et Mme Poinsot[6], les Maurice Dupont père[7] et fils, ce dernier revenant d’Orient, Marc[8], Alfred Dupont[9], enfin Guy et Made[10], tous ces gens enchantés de faire la connaissance d’Antoinette et presque celle de Pierre. Ce matin nous avons eu Hélène[11] et ses enfants, ce soir nous dînons chez les CD[12] et demain matin les petits oiseaux s’envolent[13] !

Notre pauvre Michel[14] n’a décidément pas pu venir puisque l’accès de Paris est interdit. Je le regrette vivement car je sais qu’il le désirait beaucoup, que son isolement lui pèse, pauvre garçon et que, sans jamais se plaindre, il souffre…

Nous avons de bonnes nouvelles des Jacques[15]. Élise et les petits[16] sont à Saint-André, Jacques à Douai pour plusieurs jours, afin d’évaluer, avec Arquembourg[17], leurs dégâts. Je crois d’ailleurs que Jacques y sera souvent, il s’est arrangé pour habiter chez lui où il a la belle-sœur de Germaine[18].

Odile[19] tousse sans arrêter, Geo[20] a beaucoup toussé aussi ces derniers jours, le Docteur Grenier se demande si ce n’est pas la coqueluche mais ne sera fixé que dans quelques jours. Il y avait longtemps que nous étions tranquilles puisque depuis 15 jours toute crainte de rougeole est définitivement écartée ! Que c’est donc amusant d’avoir des enfants ! Et dire qu’on les aime tant.

Je t’embrasse vieil enfant et bien tendrement.

Emy

C’est aujourd’hui le 3e anniversaire de la mort de Suzette[21].


Notes

  1. Pierre Froissart, frère de Louis, et son épouse Antoinette Daum.
  2. Henri Degroote et son épouse Lucie Froissart.
  3. Charles Gaston Leblond.
  4. Henriette Baudrillart, veuve d’Albert David-Sauvageot.
  5. Marie Berger, veuve de Paul Henri Rich.
  6. Hélène Berger, veuve de Émile Poinsot.
  7. Maurice Dupont (1863-1935) appelé ici Dupont (Maurice l'aîné).
  8. Marc Ghislain Dupont.
  9. Alfred Dupont (1866-1948), époux de Jeanne Descat.
  10. Guy Colmet Daâge et son épouse Madeleine Froissart.
  11. Hélène Duméril, épouse de Guy de Place, mère de Anne Marie, Henry et Jeanne de Place.
  12. Les Colmet Daâge.
  13. Guy Colmet Daâge et Madeleine Froissart ont trois fils, Patrice, Bernard et Hubert Colmet Daâge.
  14. Michel Froissart, frère de Louis.
  15. Jacques Froissart, frère de Louis et époux d’Élise Vandame.
  16. Jacques Damas, Marc et Claude Froissart.
  17. Marius Arquembourg.
  18. Possiblement Germaine Legrand, veuve d’Alphonse Painthiaux.
  19. Odile Degroote.
  20. Georges Degroote.
  21. Suzanne Degroote (1909-1916).

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Jeudi 19 juin 1919. Lettre d’Emilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris) à son fils Louis Froissart (mobilisé) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_19_juin_1919&oldid=60834 (accédée le 21 novembre 2024).

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