Jeudi 13 octobre 1870

De Une correspondance familiale


Lettre de Jeanne Target, avec un ajout de son époux Jules Desnoyers (Paris) à leur fille Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)


original de la lettre 1870-10-13.jpg


13 Octobre 70

Depuis que je t'ai écrit, ma chère petite Nie, rien de fâcheux ne s'est passé pour nous, bonne santé pour tous, espérance et courage ; accord parfait dans Paris contre les Prussiens ne croyez pas le contraire si on vous le dit. Nous sommes abondamment pourvus de nourriture. Notre tristesse c'est de ne pas recevoir de vos nouvelles. J'ai déjà confié au courrier aérien bon nombre de petits <bouts> de ce genre sans avoir encore la preuve que tu les reçois. Julien[1] va toujours très bien, nous avons souvent de ses bons petits mots. Il travaille avec <fruit>, comme attaché au génie. Le canon ne cesse pas de gronder ; nous y sommes maintenant habitués, nous aimons même à l'entendre ; il vient de nos forts. On n'a encore eu aucun bombardement. Comme je te l'ai déjà dit, l'ambulance est en pleine activité et marche très <bien> chacun s'occupe pour contribuer au bien-être des pauvres blessés qui nous sont confiés. Ces bons soldats se trouvent très bien chez nous. Que je voudrais vous voir, mes chers enfants, ou du moins savoir où vous êtes, et surtout comment vous êtes ! nous payerions bien cher quelques lignes de vous ; peut-être ne sommes-nous pas si loin d'en recevoir. Je vous le répète, tout est ici à l'espérance, je vous assure, sans pouvoir rien dire de plus. Agla[2] va bien, Alphonse, Alfred sont à leur poste[3], toujours pleins de zèle. Ma chère fille, ta pensée, celle de ton cher mari[4] ne nous quitte pas, le courage non plus.

Je suis de moitié, Ma bien chère Eugénie, dans tous les sentiments et les pensées que vous exprime ta bonne mère.   

 Combien nous serons heureux le jour où nous aurons de vos nouvelles et serons certains que les nôtres vous parviennent. Ayez, comme nous, tout à fait espoir et confiance ! Je vous embrasse tous quatre[5] avec la plus tendre affection.-<bonjour> à la famille de Georges[6].


Notes

  1. Julien Desnoyers, au fort d’Issy.
  2. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  3. Alfred Desnoyers et son beau-frère Alphonse Milne-Edwards sont à la garde nationale.
  4. Charles Mertzdorff, époux d’Eugénie Desnoyers.
  5. Eugénie, Charles et les petites Marie et Emilie Mertzdorff.
  6. Georges Heuchel et son épouse Elisabeth Schirmer.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Annexe

(Ballon monté)

Madame Mertzdorff

Vieux-Thann  

Haut-Rhin

Pour citer cette page

« Jeudi 13 octobre 1870. Lettre de Jeanne Target, avec un ajout de son époux Jules Desnoyers (Paris) à leur fille Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_13_octobre_1870&oldid=51583 (accédée le 27 avril 2024).

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