Jeudi 13 février 1919 (B)

De Une correspondance familiale


Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris) à son fils Louis Froissart (mobilisé)


original de la lettre 1919-02-13B pages 1-4.jpg original de la lettre 1919-02-13B pages 2-3.jpg


13 Février 19

Mon cher Louis,

Ta bonne lettre arrivée avant-hier méritait une plus prompte réponse et des remerciements plus empressés. Notre journée hier a été passée avec du monde : le Lieutenant Lacambre et sa femme à déjeuner (tu sais que celle-ci a été compagne d’Élise[1] au Sacré-Cœur de Lille) puis une visite de Marie Rich[2] qui venait nous entretenir de la maison qu’elle possède à Vieux-Thann en commun avec son frère[3] et ses sœurs[4] et qu’ils seraient tous heureux de nous vendre très cher. Mais Mme Delanney[5] étant morte cet hiver et laissant 3 enfants mineurs nous nous demandons s’ils ne se font pas illusion en pensant la vente à l’amiable possible. C’est à étudier.

Ensuite j’ai été voir la directrice d’une œuvre d’institutrices dans le but d’en trouver une pour Lucie[6]. Il s’en est déjà présenté beaucoup, mais jusqu’ici rien n’a marché. On a le temps de chercher car je pense que les Degroote nous resteront jusqu’à la fin de Mars. Ils seraient bien restés jusqu’à Pâques si l’oncle Ferdinand[7] n’avait demandé à Henri[8] de venir soigner ses valeurs à Hazebrouck pendant qu’il ira soigner ses rhumatismes à Aix-les-Bains en Avril.

Henri revient d’Hazebrouck et Lille où il était allé Dimanche. La semaine prochaine il devra repartir pour le Conseil Général. Il va donc peut-être activer son déménagement afin de satisfaire l’oncle qu’il importe de ne pas mécontenter. Mais Hazebrouck est loin d’être repeuplé, les ouvriers y font défaut et plus encore le verre à vitres et les pauvres D. ne sont nullement charmés d’y retourner si vite.

Te voilà donc parti de l’Alsace. Tu en emporteras de bien bons souvenirs, tant mieux ! Je suis si contente de vous voir vous y attacher, car elle est toujours restée dans la fine pointe de mon cœur.

J’ai été un peu grondée pour t’avoir [ ] pour ton diplôme de licence. Ton papa[9] veut espérer que tout n’est pas perdu et te demande de lui envoyer…. mais il t’écrit lui-même à ce sujet[10].

Jacques[11] doit être démobilisé le 26 Février. Il lui en coûtait beaucoup de repartir après avoir si bien repris en 3 semaines l’habitude de la vie de famille… et aussi d’un bon appartement chauffé.

J’aime à croire que tu as indiqué à Dommartin ton changement de secteur postal

Je t’embrasse tendrement cher petit.

Emy


Notes

  1. Élise Vandame, épouse de Jacques Froissart.
  2. Marie Berger, veuve de Paul Henri Rich.
  3. Charles Berger.
  4. Hélène Berger, épouse d’Emile Poinsot.
  5. Julie Berger (†), épouse de Marcel Delanney et mère de Jacques Charles Henri, François Jacques et Louis Delanney.
  6. Lucie Froissart, épouse de Henri Degroote, mère de cinq enfants.
  7. Ferdinand Degroote.
  8. Henri Degroote.
  9. Damas Froissart.
  10. Voir la lettre précédente.
  11. Jacques Froissart, frère de Louis.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Jeudi 13 février 1919 (B). Lettre d’Emilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris) à son fils Louis Froissart (mobilisé) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_13_f%C3%A9vrier_1919_(B)&oldid=62133 (accédée le 8 décembre 2024).

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