Du jeudi 4 au dimanche 7 août 1870

De Une correspondance familiale

Fragment de lettre d’Émilie et Marie Mertzdorff (Paramé) à leur père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)


Mon bon père chéri,[1]

Je t'aime de toutes mes forces et j'espère que tu arriveras à bon port, (car il n'est qu'1 h 1/2) et que tu seras un peu reposé en arrivant. Hier en te quittant nous avons pris l'omnibus qui nous conduit à St Malo ; là nous faisons nos emplettes, puis rentrons.

Ce matin nous avons travaillé sur la plage jusqu'à l'heure du bain ; la mer était excellente pour nager, j'ai fait 5 ou 6 tours seule et Hortense[2] a donné, en nageant, un coup de pied au baigneur qui a dit que Mlle tapait dur. Puis nous avons déjeuné, et je t'écris car il pleut. Hier Cécile[3] a été lire la dépêche que Sarrebruck était pris. ce matin une lettre d'oncle Julien[4].

Vendredi

Bonjour bon petit père, as-tu bien dormi. Hier nous avons goûté et comme il ne pleuvait plus nous sommes parties dans les rochers et nous avons vu un effet de soleil vraiment admirable la plage et les nuages de l'horizon étaient tout dorés tandis que la mer était d'un vert foncé et avait l'air d'un large ruban. Mais enfin nous sommes rentrées dîner et nous avons eu encore un splendide coucher de soleil le nuage était entouré de franges d'or et nous avons cru voir Jersey mais ce n'était qu'un nuage. Puis nous avons joué à la dame sur la terrasse jusqu'à ce qu'on n'y voie plus clair.

Ce matin je t'écris en songeant avec bonheur à mon avant-dernier bain.

Je ne vois plus rien à te dire si ce n'est que je t'aime beaucoup. Ces dames[5] vont faire leurs paquets.

Samedi.

Cher père nous sommes dans les paquets mais je viens t'embrasser et te dire mon journal je ne t'écrirai pas le voyage à la suite car mon cahier est plus commode pour être dans le chemin de fer.

Dimanche 9 1/2 du matin   

Cher bon père,    

je viens te dire aussi un petit bonjour avant de partir de ce Paramé où nous nous sommes si bien amusées. Je t'écris ayant mon manteau et chapeau et attendant l'heure de partir à la messe. Mais je reviens < > mon journal. Vendredi <la mer> a été excessivement forte de sorte qu'il fut impossible de nager puis on déjeune et nous jouons puis raccommodions les affaires d'Hortense (crinoline et pantalon) lorsqu'on annonce M. et Mme Vaillant[6]. nous passons le reste de la journée en < >. Samedi matin on continue les malles le bain toujours aussi féroce la mer m'entraîne et je <bois> un bon coup, l'après-midi on écrit très tard et on court aux voitures le cocher nous dit qu'il est trop tard mais y met tellement de bonne volonté et fouette ses chevaux de façon que nous arrivons une minute avant le départ du train puis de là nous allons à St-Malo aux omnibus pour le commander pendant que tante[7] monte chez Mme Vaillant mais ne trouve personne . là nous montons chez l'abbé que nous avons la chance de ne pas rencontrer puis nous allons voir <des> maisons le soir le baigneur vient ficeler les malles. il pleut toute la nuit. Un gros baiser mon adresse est faite ma lettre partira de Rennes.   

11 ½     

Père chéri je t'écris de la salle d'attente, après t'avoir écrit Mme Chabert''[8] est venue pour déjeuner < > 9 h ensuite voiture < > les paquets chacun fait soi-même < > on part. Nous sommes < > les billets sont < > je t'écris < >. Pardon pour l'écriture

Après plusieurs stations on souffre de l'estomac enfin < > tous les serviettes couteaux & <  >


Notes

  1. Sans certitude, nous avons attribué la première partie de la lettre (écrite jeudi, vendredi et samedi) à Marie Mertzdorff et la seconde (écrite dimanche) à sa sœur Émilie.
  2. Hortense Duval.
  3. Cécile, bonne des petites Mertzdorff.
  4. Julien Desnoyers.
  5. Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff et Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  6. Léon Vaillant et son épouse Henriette Jeanne Hovius.
  7. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  8. La famille Chabert est probablement propriétaire de la villa louée par les Mertzdorff à Paramé.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Du jeudi 4 au dimanche 7 août 1870. Fragment de lettre d’Emilie et Marie Mertzdorff (Paramé) à leur père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Du_jeudi_4_au_dimanche_7_ao%C3%BBt_1870&oldid=61041 (accédée le 15 novembre 2024).

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