Dimanche 2 et lundi 3 avril 1893

De Une correspondance familiale




Lettre de Cécile Milne-Edwards, veuve d'Ernest Charles Jean Baptiste Dumas (Launay près de Nogent-le-Rotrou) à Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris)


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Launay. Dimanche 2 Avril[1]

Vraiment, ma pauvre enfant, tu as trop de cahots & de heurts dans ta vie depuis quelques jours & ta lettre de ce matin nous a vivement contrariés. Il n’a tenu qu’à un fil qu’on ne t’envoie de suite une dépêche pour te rappeler que la maison & ses habitants étaient à ta disposition pour recueillir & accueillir les épaves de la rue Cassette & puis comme nous te l’avions déjà dit & redit, nous avons pensé que ton mari[2], ayant beaucoup de travaux à surveiller à Livet, préférait y aller & qu’il ne fallait pas vous ennuyer sous prétexte de vous être utile. Où donc peut être le nid d’oreillons où tes pauvres enfants[3] vont les prendre. Au Luxembourg probablement ? Cela dure si longtemps ! puisque chez Mme Vaillant[4] on les a eus pendant 3 mois. La maladie de Jeannot arrive aussi mal que possible pour tous vos projets & on sera aussi bien désappointé à Vieux-Thann.

Lundi - J’ai abandonné ma lettre hier, les domestiques[5] étant partis pour les Vêpres plus tôt que je ne comptais & voici la tienne qui nous arrive ce matin relativement de bonne heure & qui nous désole, comme bien tu penses. Que de préoccupations & d’ennuis accumulés. Ton oncle[6] croit que ce doit être une reprise d’oreillons pour ton pauvre petit Charles, puisque la blessure est en bonne voie & j’espère que tu as eu ce matin la visite de M. Empis[7], mais je t’assure que je voudrais bien être en ce moment à Paris & pouvoir aller souvent juger de visu l’état de ta chère maison & me mettre entièrement à ta disposition. Que ferez-vous pour Robert & Marie Thérèse ? Mon Dieu que tout cela est fâcheux. Si vous êtes tristes à Paris, chère enfant, nous ne sommes pas gais ici, car les mêmes choses nous touchent. Nous avons très chaud, qu’est-ce que ce doit être à Paris ? Je ne puis croire qu’une fenêtre ouverte ait pu faire revivre les oreillons de Charles qui était déjà sorti bien des fois. Enfin il est inutile de raisonner indéfiniment là-dessus. Ce qui est, est, malheureusement & nous n’y pouvons rien changer malgré le très vif désir que nous en aurions. il n’y a donc que des vœux bien stériles à faire pour que cette vilaine fièvre tombe & qu’un mot ou une dépêche nous donne de bonnes nouvelles.

adieu, chère enfant, nous vous plaignons tous du fond du cœur & vous aimons de même.

CMED


Notes

  1. Lettre sur papier deuil.
  2. Marcel de Fréville.
  3. Jeanne (« Jeannot »), Robert, Charles, Marie Thérèse et Françoise de Fréville.
  4. Possiblement : Henriette Jeanne Hovius, épouse de Léon Vaillant, bien que ses enfants soient plus âgés.
  5. Hypothèse : les domestiques seraient Jean Hainaud et son épouse Marie Couriol, présents à Nogent lors du recensement de 1896 avec leur fille Marie Hainaud.
  6. Alphonse Milne-Edwards.
  7. Le docteur Georges Simonis Empis.

Notice bibliographique

D’après l’original.


Pour citer cette page

« Dimanche 2 et lundi 3 avril 1893. Lettre de Cécile Milne-Edwards, veuve d'Ernest Charles Jean Baptiste Dumas (Launay près de Nogent-le-Rotrou) à Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_2_et_lundi_3_avril_1893&oldid=52182 (accédée le 18 décembre 2024).

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