Dimanche 25 et lundi 26 avril 1886
Lettre d’Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) à sa nièce Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Munich)
n°I
Dimanche soir (25 avril)[1]
Mon enfant chérie, il n’y a que quelques heures que tu as quitté ton trésor[2], et cependant je pense te faire plaisir en te disant comment ces premières heures se sont passées.
Naturellement nous n’avons pas cherché à émouvoir, mais plutôt à distraire, puis on s’est mis à table pendant que Thérèse[3] faisait les lits. Jeanne et Robert ont parfaitement dîné, j’ai eu grande satisfaction à constater leur bon appétit, soupe grasse, côtelette avec pain et beurre, pommes de terre, asperges, le tout en grande quantité pour de petits estomacs ; sagesse parfaite ; petit Charles a mangé un peu de soupe dans sa chambre (et à 2 reprises du sucre !), pendant le dîner des bonnes, nous avons regardé des images puis nous sommes montés. En ce moment il est 9h chacun dort profondément, et il n’y a pas eu une larme de versée. Bonsoir, ma chère petite fille, jouis bien de ton voyage et ne te fais de chagrin de rien ; je continuerai demain ce griffonnage.
Lundi 4h.
La nuit a été très bonne, petit Robert a dormi sans se réveiller, et n’a pas toussé beaucoup ce matin ; tu peux être bien tranquille, mon enfant chérie, tout marche bien, et tes chers enfants sont bien gentils ; je suis allée dans la ménagerie avec eux 3 à 8h1/2, pendant que les bonnes allaient à la messe, nous ne sommes rentrés qu’à 11h moins ¼. Jeanne était ravie, Charles s’était énormément amusé et n’a eu qu’un petit désespoir, ne voulant pas satisfaire un petit besoin sans sa nounou ; il commençait à avoir envie de dormir. Quant au pauvre Robert il a été d’une sagesse parfaite ; mais il était encore un peu fatigué, et a passé une partie du temps sur mes genoux ; il trouvait que l’âne criait trop fort && mais il reprenait toute sa vigueur pour [ ].
Vous avez dû trouver une dépêche à Munich en arrivant, je suis sûre que ces trois mots vous auront fait du bien à tous deux[4].
Mille tendres amitiés
AME
Les nouvelles d’Émilie[5] sont excellentes
Jeanne a pris sagement sa leçon de lecture (10 minutes).
Notes
- ↑ Lettre sur papier deuil.
- ↑ Les trois enfants de Marie Mertzdorff : Jeanne (5 ans), Robert (3 ans) et Charles (2 ans) de Fréville.
- ↑ Thérèse, une bonne.
- ↑ Marie Mertzdorff et son époux Marcel de Fréville.
- ↑ Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart et sœur de Marie.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Dimanche 25 et lundi 26 avril 1886. Lettre d’Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Paris) à sa nièce Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Munich) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_25_et_lundi_26_avril_1886&oldid=53632 (accédée le 15 novembre 2024).
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