Dimanche 21 août 1842

De Une correspondance familiale

Lettre d’Auguste Duméril (Arras) à sa mère Alphonsine Delaroche (Paris)

lettre du 21 août 1842, recopiée livre 6, page 172.jpg lettre du 21 août 1842, recopiée livre 6, page 173.jpg lettre du 21 août 1842, recopiée livre 6, page 173bis.jpg lettre du 21 août 1842, recopiée livre 6, page 174.jpg


d’André Auguste Duméril.

Arras 21 Août 1842. Dimanche.

Je t’avoue, ma chère maman, que j’avais un peu espéré quelques lignes de toi ce matin, mais apparemment, il ne t’aura pas été possible de trouver hier le temps de venir faire avec moi un de ces petits bouts de conversation auxquels tu t’entends si bien ; ou peut-être auras-tu laissé passer l’heure du courrier. Quoiqu’il en soit, j’aime à croire que vous êtes tous bien, à la maison. Je ne sais pas trop si je pourrai en recevoir la certitude demain, car peut-être m’adresseras-tu une lettre à Lille et non pas ici. Or, et ce n’est pas le plus gai de mon affaire, ce n’est pas encore demain que j’arriverai à Lille. Auguste[1], qui avait absolument à faire une tournée hier, et quelques affaires à terminer demain lundi, dans la matinée, avait désiré que nous ne partissions qu’à 3 heures de l’après-midi pour arriver à 9 heures du soir. Mais justement M. Drappier (l’ingénieur en chef) a fait demander à Auguste de l’accompagner demain, dans une tournée qu’ils doivent faire, laquelle ne lui permettra pas de rentrer avant 7 ou 8 heures du soir. Pour ne pas perdre un jour de plus cependant, Auguste fait, pour moi, le sacrifice des quelques occupations dont il comptait se tirer demain matin, et au lieu de partir à 3 heures de l’après-midi, nous nous mettrons en route à minuit, pour arriver à Lille mardi, à 6 heures du matin : tu vois qu’en définitive, entre 9 heures du soir et 6 heures du matin, il n’y a pas grande différence, surtout si, comme nous en avons l’intention, nous descendons à l’hôtel, de sorte que ce nouveau retard, en y réfléchissant, me contrarie moins qu’il ne l’a fait au premier moment, quoique j’eusse préféré ne pas perdre ce bout de soirée. Mais comme Auguste eût été fort contrarié de ne pouvoir faire la tournée avec M. Drappier, bien qu’il eût été s’excuser auprès de lui, si elle avait été arrangée par l’Ingénieur en chef pour mardi, ou pour le mercredi : il est fort heureux que ce soit le lundi qui ait été choisi. Adine[2] trouve trop de difficultés à emmener sa petite, pour être du voyage à Lille ; mais il en résulte que, malgré toute la bonne grâce qu’elle a mise à m’offrir de faire le sacrifice de la journée de vendredi, que Félicité[3] doit passer ici, en retournant à Paris, il sera, je crois, plus convenable de la lui donner, tandis que si elle était allée à Lille, il n’aurait sans doute plus été question de cet arrêt, et j’aurais ainsi prolongé mon séjour à Lille, qui ne sera que de 3 jours, ce qui est peu. Je me dis, au reste, que dans cette circonstance, malgré le désir bien naturel que j’éprouverais à ne pas rester si peu, ce voyage étant plutôt une manifestation qu’une simple visite, je dois prendre les événements comme ils viennent, et regarder comme très agréable la perspective de pouvoir passer à Lille 3 fois 24 heures.

Auguste a reçu vendredi soir une petite lettre de Félicité, qui dit que ma tante[4], depuis la nouvelle scène de samedi dernier au soir, est assez calme : je fais bien des vœux pour que cet état persiste.

Auguste se montre parfait ami en tout ceci : il n’est revenu à aucune des objections qu’il m’avait faites, dans le temps, sur ma position. Je reconnais bien là sa délicatesse d’esprit et de sentiments. Adine met une bonne grâce charmante à intercaler, dans la conversation, un nom qu’elle sait résonner agréablement à mon oreille. Je vois qu’elle est raisonnable, au point de vue religieux, et que, pas plus qu’Auguste, elle ne doute de ma fidélité à observer mes promesses à cet égard.

Nous avons accompagné hier, Adine et moi, Auguste, dans sa tournée à Douai, où nous avons passé une journée fort agréable : partis à 8 h ½ du matin, dans une voiture particulière, nous sommes rentrés à 7 h ½. Clotilde, qui est fort gentille, a très bien supporté l’absence de sa mère.

J’espère que vous êtes tous bien. Adieu, mille tendres embrassades pour toi et papa[5], et Constant[6]. Ton très affectionné fils Aug. Duméril.


Notes

  1. Charles Auguste Duméril est ingénieur des Ponts et Chaussées à Arras.
  2. Alexandrine Brémontier, dite Adine, épouse de Charles Auguste Duméril. Leur fille Clotilde est née en 1842.
  3. Félicité Duméril, belle-sœur et cousine d’Auguste, séjourne chez ses parents à Lille.
  4. Alexandrine Cumont, épouse d’Auguste Duméril l’aîné.
  5. André Marie Constant Duméril.
  6. Louis Daniel Constant Duméril, frère d’Auguste.

Notice bibliographique

D’après le livre de copies : lettres de Monsieur Auguste Duméril, 1er volume, « Lettres relatives à notre mariage », p.172-174

Pour citer cette page

« Dimanche 21 août 1842. Lettre d’Auguste Duméril (Arras) à sa mère Alphonsine Delaroche (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_21_ao%C3%BBt_1842&oldid=39491 (accédée le 15 novembre 2024).

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