Dimanche 17 et lundi 18 octobre 1880
Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Le Houssay dans l’Orne) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann), avec un ajout de Marcel de Fréville
Le Houssay17 Octobre 80.
Mon cher Papa,
Je reçois à l’instant ta lettre dont je te remercie mille fois ; je suis très contente de savoir que tu vas bien, quoique n’ayant plus personne autour de toi pour te distraire et t’occuper ; aussi si le beau temps continue j’espère que tu ne tarderas pas à nous arriver. C’est la dernière fois que je t’écris du Houssay ; nous partons demain à midi et ce n’est pas sans un certain regret que nous voyons finir nos vacances et notre temps de campagne ; nous en aurons au moins bien profité pendant 3 mois et j’ai pu faire bonne provision de forces pour mon hiver. Notre mère[1] nous a quittés Vendredi matin, elle est maintenant à Trouville auprès de ses enfants[2] et petits-enfants ; heureusement qu’elle a beau temps.
J’ai reçu ce matin aussi une lettre de tante[3], qui nous raconte encore toutes ses chasses aux domestiques mais jusqu’à présent, malgré tous ses efforts, elle n’est pas arrivée à un résultat satisfaisant ; c’est décourageant car elle s’est donnée depuis huit jours une peine énorme, dont je suis vraiment confuse ; mais quand il s’agit de rendre service cette pauvre tante ne regarde jamais au mal qu’elle se donne.
Marcel[4] continue toujours avec persévérance à s’occuper de photographie ; il vient de faire tous domestiques qui n’ont pas mal réussi et qui sont enchantés de posséder leurs portraits. Il m’a recommencée encore et prépare pour te l’envoyer une épreuve où nous figurons tous les deux ; cette fois au moins j’ai l’air qui me convient et l’on peut voir d’après l’expression de ma figure que je ne suis pas malheureuse du tout.
Marcel a été très sensible aux compliments que [tu] lui adresses et t’en remercie. Je te dirai qu’il les mérite car il se donne vraiment de la peine.
Combien je plains cette pauvre bonne-maman[5] que le mariage de Claudine[6] soit avancé ! elle va se trouver dans les changements et les ennuis, juste pour son commencement d’hiver ! dis-lui que je pense bien à elle et que je l’embrasse bien fort ainsi que bon-papa.
Je m’aperçois que cela n’avance pas ma lettre d’être remise au facteur demain matin, je l’emporterai donc avec moi afin de pouvoir te dire comment notre voyage s’est passé.
Adieu, mon Père chéri, merci encore des bonnes nouvelles que tu me donnes, je t’embrasse de tout mon cœur, Marcel se joint à moi pour t’envoyer une masse énorme d’amitiés.
ta fille
Marie
Comment font donc ces malheureux Vieux-Thannois qui n’ont plus de vin [ ] faire renvoyer à cause de leur [ ] de talent.
Nous arrivons à Paris, bon voyage ; Marie n’est pas fatiguée du tout. Respects et amitiés.
MdF
Lundi 18 – 6h
Notes
- ↑ Sophie Villermé, veuve d’Ernest de Fréville.
- ↑ Louise de Fréville et son époux Roger Charles Maurice Barbier de la Serre, parents de Louis, Etienne, Maurice et René Barbier de la Serre.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Marcel de Fréville.
- ↑ Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.
- ↑ Claudine Bueb, bonne de Félicité Duméril, épouse Philibert Kippelen.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Dimanche 17 et lundi 18 octobre 1880. Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Le Houssay dans l’Orne) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann), avec un ajout de Marcel de Fréville », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_17_et_lundi_18_octobre_1880&oldid=59307 (accédée le 18 décembre 2024).
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