Dimanche 16 mai 1880

De Une correspondance familiale


Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (à Paris, au retour de son voyage de noces) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)

original de la lettre 1880-05-16 pages 1-4.jpg original de la lettre 1880-05-16 pages 2-3.jpg


Mon cher Papa[1],

Que vas-tu penser de ta vilaine fille qui a laissé passer toute la journée d’hier sans t’écrire ? J’ai peur que tu n’aies un peu envie de la gronder mais si tu savais combien mes [heures] ont été occupées tu me pardonnerais bien vite ; je t’assure que si une plume n’a pas pu te dire tout ce que j’aurais voulu, ma pensée s’est transportée bien des fois auprès du petit père que nous[2] venions de quitter.

Comme Émilie[3] a dû te l’écrire notre voyage s’est parfaitement bien passé nous avons trouvé à Mulhouse notre coupé mais nous n’en avons pris possession qu’à Petit-Croix[4]. Nous sommes arrivés ici de bien bonne heure notre train n’ayant pas 1 minute de retard et la douane n’ayant pas daigné nous faire payer pour notre étoffe ; tout était prêt pour nous recevoir et nous avons été passer un bon petit moment dans la chambre de notre mère[5] ; ensuite nous avons été au Jardin et enfin en grande pompe tous Jardin ensemble rue Cassette[6] : Émilie t’a peut-être dit la surprise qui nous attendait ; figure-toi, mon cher Papa, que notre petite maison est absolument installée, toutes mes affaires y sont transportées, tante[7] n’a rien oublié, la cuisine, la salle à manger, l’office sont pourvus de tous les objets nécessaires ; c’est un vrai petit palais qui nous attend, je suis sûre que tu aurais aussi bien grand plaisir à t’y promener et je t’attends impatiemment pour t’en faire les honneurs.

Hier comme bien tu penses nous y avons passé toute notre journée ; tante et Émilie sont venues me faire une petite visite, Louise[8] et ses enfants sont restés aussi très longtemps avec moi ; Marcel a commencé le déménagement de sa chambre qui est déjà bien avancé. Le soir nous avons dîné tous les 2 chez notre oncle Villermé[9].

Nous rentrons de la messe, je te quitte mon Père chéri pour déjeuner bien vite et partir avec Marcel chez nous, où nous ferons une petite station avant le déjeuner de 11 heures.
Je t’embrasse de tout mon cœur, Marcel me charge de toutes ses amitiés pour toi. Quel bon moment nous avons eu près de toi mon cher Papa ! Nous en parlons souvent je t’assure.
ta fille bien affectionnée,
Marie


Notes

  1. Lettre non datée, à situer un dimanche (après la messe), au retour du voyage de noces en Alsace.
  2. Marie Mertzdorff et son nouvel époux Marcel de Fréville.
  3. Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  4. La gare de Petit-Croix est ouverte en 1871 sur le Territoire de Belfort (français), après l’annexion de l'Alsace-Lorraine.
  5. Sophie Villermé, veuve d’Ernest de Fréville et mère de Marcel.
  6. Le pavillon loué rue Cassette pour le jeune ménage.
  7. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  8. Louise de Fréville, épouse de Roger Charles Maurice Barbier de la Serre. Elle est la belle-sœur de Marie et la mère de Louis, Etienne et Maurice Barbier de la Serre.
  9. Louis Villermé.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Dimanche 16 mai 1880. Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (à Paris, au retour de son voyage de noces) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_16_mai_1880&oldid=39396 (accédée le 24 avril 2024).

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