Dimanche 13 et lundi 14 octobre 1872
Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son beau-frère Alphonse Milne-Edwards (Launay)
Dimanche soir
Mon cher Alphonse,
Charles[1] vient de vous écrire mais je tiens à glisser dans son enveloppe un petit mot qui vous dise tout le plaisir que nous a fait votre lettre. Nous sommes heureux que l'air de Launay vous fasse du bien puisque celui de nos montagnes était trop loin pour cette fois.
Faites bonne guerre aux animaux nuisibles, j'ai confiance en Jean[2] et en votre bon cœur pour plaider la cause des innocentes bêtes qui viendraient imprudemment se placer au bout de votre fusil.
Je reçois à l'instant une lettre de maman[3] ; elle dit avoir fait très bon voyage et d'après tout ce qu'elle me dit déjà avoir fait, nous pouvons en tirer la bonne conclusion qu'elle n'est pas trop fatiguée. J'espère qu'à votre retour vous la trouverez bien, ainsi que papa[4].
Vous pourrez dire à Aglaé[5] que la nouvelle du jour pour mes fillettes[6] et moi est le projet de courses à Mulhouse chaque semaine pour les leçons de piano et de musique. Il paraît que la chose peut s'arranger et nous irons Mercredi voir les professeurs, qui sont prévenus. Aglaé verra par là que je manque à mes devoirs de ménagère alsacienne, mais j'ai la faiblesse de vouloir me croire encore un peu parisienne, c'est donc en jugeant les choses de fort haut que j'abandonnerai le fromage et la saucisse pour courir les beaux-arts avec les deux chéries que vous connaissez. Dites à petit Jean que ses amies viennent de terminer une partie de jeu d'oie, et qu'elles ont beaucoup ri... mais la cause m'en est inconnue.
Voilà Charles qui va terminer la soirée du Dimanche par le domino et le 21 avec les 2 petites joueuses, c'est dommage que l'ami Jean ne soit pas là, il prendrait sa part du jeu, comme sa petite Emilie qui après souper a lu toute une grande page de Rosamonde[7] en anglais et est toute heureuse et étonnée de comprendre.
J'enverrai à Aglaé le petit modèle qu'elle m'a demandé et que j'ai oublié de remettre à maman.
Bonsoir, chers Amis, les quatre qui entourent la lampe se réunissent pour vous envoyer leurs meilleures amitiés.
Vos bien affectionnés
C.M.E.Eugénie M.
Lundi midi
Merci à Aglaé pour sa bonne lettre d'hier.
Ici le temps est froid et désagréable pour les pauvres vendangeurs. Voilà le soleil qui a l'air de vouloir paraître. Compliments sur votre persévérance en chasse, et bons souhaits.
Les poires seront à Paris avant vous qu'Aglaé fasse dire où elle veut qu'on les déballe.
Notes
- ↑ Charles Mertzdorff.
- ↑ Le petit Jean Dumas.
- ↑ Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers.
- ↑ Jules Desnoyers.
- ↑ Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
- ↑ Marie et Emilie Mertzdorff.
- ↑ Maria Edgeworth (1767-1849), Rosamond.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Dimanche 13 et lundi 14 octobre 1872. Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son beau-frère Alphonse Milne-Edwards (Launay) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_13_et_lundi_14_octobre_1872&oldid=39330 (accédée le 15 novembre 2024).
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