Dimanche 12 juin 1898

De Une correspondance familiale




Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris)


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Douai, 12 Juin

Ma chère Marie,

Nous avons été bien amusés et bien touchés de la charmante lettre de Marie-Thérèse[1]. Elle a des élans de cœur tout à fait charmants cette petite et elle met une ardeur extraordinaire à tout ce qu’elle désire et à tout ce qu’elle fait. Il est inutile de te dire que mes filles[2] souscrivent de tout leur cœur au vœu de leur cousine, mais Jacques[3] n’est pas du même avis et, entendant parler de l’idée de Marie-Thérèse, il lui est parti du fond du cœur une réponse qui, pour être brève n’est était pas moins éloquente : z… ! Nous non plus nous n’avons fait aucun projet pour ce mois de Juillet. Damas[4] part bien seulement le 8. Comment se fait-il que je ne te l’aie pas écrit ? J’ai quelquefois peur de me répéter et je finis par ne pas dire les choses importantes. Si je jouis en ce moment de ce retard, il n’en sera pas de même au mois d’Août car les vacances vont se trouver entamées (on ne reviendra pas avant le 15 Août) puis raccourcies par les manœuvres en Septembre, de sorte que je ne sais pas quand mon pauvre mari prendra ses vacances. 10 jours en Août sans doute et le reste à la fin de Septembre et en Octobre. Il s’en suit que Jacques reviendra sans doute avant nous et que je ne lui infligerai peut-être pas l’ennui d’être pensionnaire en Juillet. Mais tout cela dépendra aussi des santés, du temps & toujours merci de ta bonne invitation qui est bien tentante.

Nous avons eu ce matin une magnifique procession des 3 paroisses réunies dans laquelle Lucie figurait en blanc à sa grandissime joie.

Je ne me sens pas encore tout à fait d’aplomb, j’ai souvent mal à la tête et me sens fatiguée. Décidément, il y a une certaine semaine qui me fatigue bien maintenant et avec laquelle je suis obligée de compter si je ne veux pas être tout à fait à plat. C’est sans doute un signe de vieillesse.

Adieu petite sœur chérie, je t’embrasse bien tendrement. Embrasse pour moi tes chers enfants[5] et surtout notre gentille petite correspondante qui sait si bien inviter ses cousines et sa tante.

Damas vous envoie à tous mille amitiés.

Il a été bien occupé aujourd’hui. Le Général inspecteur a bien voulu venir voir chez nous ce matin ses appareils[6], puis nous avons eu toute la journée le Monsieur qui s’occupe de ses brevets et qui est forcé pour celui qu’on prend en Allemagne, d’aller cette semaine à Berlin ; il voulait avant de partir causer avec Damas pour voir fonctionner les appareils qu’il ne connaît que par dessins. Nous avons un chariot avec la vigie de batterie au milieu de la cour !

Encore mille tendresses.

Émilie


Notes

  1. Marie Thérèse de Fréville.
  2. Lucie et Madeleine Froissart.
  3. Jacques Froissart.
  4. Damas Froissart.
  5. Jeanne, Robert, Charles, Marie Thérèse et Françoise de Fréville.
  6. Damas Froissart travaille à perfectionner des appareils de tir d'artillerie.

Notice bibliographique

D’après l’original.


Pour citer cette page

« Dimanche 12 juin 1898. Lettre d’Émilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Douai), à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_12_juin_1898&oldid=53623 (accédée le 15 novembre 2024).

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