Vendredi 9 janvier 1807
Lettre d’Alphonsine Delaroche (Paris) à sa belle-mère Rosalie Duval (Amiens)
N°178
Paris le 9 Janvier 1807
Ma très chère Maman
Depuis le moment où Constant[1] vous écrivit quelques mots à la hâte, pour vous faire part des nouvelles que nous venions de recevoir des nouvelles de notre frère Auguste[2], j’ai voulu chaque jour vous écrire pour réparer la brièveté de sa lettre, et je n’en n’ai jamais pu trouver le temps, étant sortie constamment depuis une quinzaine de jours ; et j’ai été d’autant plus contrariée, de ne pouvoir prendre la plume qu’il me tardait de vous adresser tous nos vœux de bonne année, ainsi qu’à notre cher papa[3] et aux autres membres de la famille, désirant bien que cette année-là nous procure au printemps la douce satisfaction de vous voir les uns ou les autres, et de vous présenter un petit nouveau-né bien portant et bien constitué. Puisse ce petit enfant là venir à posséder une fois toutes les bonnes et belles qualités que possède son Père et qui me rendent si heureuse.
Il me tardait aussi beaucoup de me féliciter avec vous de ce que nous allons avoir la joie dans si peu de temps de voir M. Auguste, ce sera probablement bien court pour tous, mais enfin nous le verrons et ce sera pour moi un bien grand plaisir que de faire connaissance avec lui. Il paraît regarder pour fort peu de chose tout le chemin qu’il a à faire pour arriver ici en comparaison de la satisfaction de revoir sa famille ; il annonce son arrivée pour le 15, mais nous pensons que vu les mauvais temps il ne faut l’attendre qu’un peu plus tard. Je ne sais si vous aurez eu à Amiens des brouillards comme ceux qu’il a fait ici ces jours derniers, et qui étaient si forts qu’on y voyait à peine pour se conduire. Aujourd’hui le temps est tout à fait changé, l’air est parfaitement pur et le soleil très brillant. Nous trouvons qu’il y a déjà bien du temps que nous n’avons eu de vos nouvelles, nous espérons que vous êtes tous en bonne santé ; je désirerais bien savoir quelques détails sur celle de Mme Duval[4], elle doit être bien grosse et bien près du moment d’accoucher ; Je crois que son mari est toujours absent ; elle désire sûrement bien qu’il puisse revenir auprès d’elle pour ses couches, et lui, doit se trouver un peu tristement ainsi séparé de toute sa famille. Veuillez avoir la bonté de présenter nos respects à notre oncle M. Duval[5], et nos sincères amitiés à sa fille. Montfleury[6] aura trouvé que son Oncle lui envoyait bien du latin, mais avec son zèle pour l’apprendre cela lui aura fait plaisir ; Nous embrassons bien tendrement cet aimable enfant. Nous n’avons pas encore reçu un seul mot de son père, mais nous pensons que vous en avez de bonnes nouvelles.
Adieu ma très chère Maman. Veuillez recevoir l’assurance de notre tendre dévouement, et distribuer mille choses respectueuses et amicales de notre part à vos alentours.
Alphonsine Duméril
Notes
- ↑ André Marie Constant Duméril.
- ↑ Auguste (l’aîné), frère d’AMC Duméril.
- ↑ François Jean Charles Duméril.
- ↑ Flore Maressal, épouse d’Augustin Duval, va accoucher de Charles Edmond Raoul.
- ↑ Le père d’Augustin, Jean Baptiste Duval.
- ↑ Florimond dit Montfleury (le jeune), neveu d’AMC Duméril, porte les mêmes prénom et surnom que son père ; il n’a pas 10 ans.
Notice bibliographique
D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 2ème volume, p.165-168)
Annexe
A Madame
Madame Duméril
Petite rue Saint Rémy n°4
A Amiens
Pour citer cette page
« Vendredi 9 janvier 1807. Lettre d’Alphonsine Delaroche (Paris) à sa belle-mère Rosalie Duval (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_9_janvier_1807&oldid=36110 (accédée le 21 novembre 2024).
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