Vendredi 30 septembre 1791

De Une correspondance familiale

Lettre d’André Marie Constant Duméril (Rouen) à sa mère Rosalie Duval (Amiens)

lettre du 30 septembre 1791, recopiée livre 1 page 68.jpg lettre du 30 septembre 1791, recopiée livre 1 page 69.jpg


N°17

Rouen ce 30 7bre 1791 après-midi

Maman

La poste va partir et je n’ai pas beaucoup de temps. Monsieur Thillaye est malade depuis 15 jours, il a une fièvre qui pourrait bien dégénérer en une fausse fluxion de poitrine. J’ai écrit beaucoup aujourd’hui ce qui m’a fort occupé ; affairé de ménage aujourd’hui.

Ferai-je faire des souliers ici ? Le besoin est urgent, des bas de laine, à la première occasion. Je vais vous épouvanter en vous faisant part de ma pauvreté mais cependant je ne peux faire autrement. Ecoutez : mon habit vert était bien malade lorsque j’arrivai : je le mis un mois et alors il creva, par les coudes, s’entend, je le laissai reposer donc et Mme Thillaye[1] par compassion me fit demander des morceaux vous m’en fîtes passer et il est réhabilité, de manière à pouvoir passer une partie de l’hiver dans la boutique ; mais cela ne m’arrange pas, il faut sortir, mais me direz-vous tu as ton habit noir, et moi, il est bien sec, ainsi jugez pour des vestes j’en ai deux d’hiver de drap de coton mais pour m’habiller je n’ai que celle de drap brodé jugez. Des culottes je n’en ai jamais possédé qu’une seule avec laquelle j’eus pu sortir en quel état pensez-vous qu’elle soit ? Jugez : ainsi donc par récapitulation voyez si vous pouvez me donner redingote d’hiver pour sortir ou de panne imprimée ou de drap, une culotte noire un peu chaude, un gilet de même couleur fait de quelque morceau d’habit que vous volerez à Papa[2], un caleçon de drap de couleur rembrunie pour garantir mes culottes de l’huile et mon fessier du froid. Des serpillières[3]. Je vous embrasse et suis votre fils

Constant Duméril


Notes

  1. L’épouse de Jacques François René Thillaye, née Platel.
  2. François Jean Charles Duméril.
  3. Tablier long fait d’une toile grossière et lâche en fil d’étoupe.

Notice bibliographique

D’après le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 1er volume, p. 68-69

Pour citer cette page

« Vendredi 30 septembre 1791. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Rouen) à sa mère Rosalie Duval (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_30_septembre_1791&oldid=36019 (accédée le 21 novembre 2024).

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