Vendredi 26 décembre 1873

De Une correspondance familiale

Lettre de Cécile Milne-Edwards, épouse d'Ernest Charles Jean Baptiste Dumas (Paris) à Félicité Duméril (Morschwiller)

original de la lettre 1873-12-26 pages 1-4.jpg original de la lettre 1873-12-26 pages 2-3.jpg


Vendredi 20.12.75[1]

Combien de fois, chère Madame me suis-je proposé de vous écrire lorsque j'étais le soir au coin de mon feu (comme j'y suis en ce moment) les 2 pieds chaudement enveloppés de ces bons chaussons Alsaciens que vous eu l'excellente idée de nous envoyer ? Certes je pensais souvent à vous, à tous ceux que vous aimez & que vous aimiez mais je dois avouer que depuis qu'il fait froid & que tous les jours en rentrant je retrouve ces chaudes bottines je ne les mets pas une fois sans me dire : Cette bonne Madame Duméril ! quelle aimable idée ! & je m'étais aussi plus d'une fois reproché de ne vous en avoir pas remercié.

Voici l'année bien près de finir chère Madame, elle a été bien dure pour vous, vous enlevant par la mort ou l'absence la moitié de vos plus chères affections. on ne sait quels souhaits vous faire pour l'année qui va commencer car il n'y a pas de consolation pour les chagrins que vous avez éprouvés coup sur coup & qui ont été supportés avec tant de courage & de soumission à une volonté qui ne se comprend pas toujours en ce monde. Vos chères petites-filles[2] sont toujours ce que vous les savez elles ont bonne mine et cette année Émilie ne paraît nullement fatiguée de son Cours ; pourtant on est bien occupé, le catéchisme, le cours, les leçons, les emplettes du jour de l'an, les petits ouvrages à finir tout cela fait une vie très active & dont tous les moments sont très bien remplis. C'est ce qu'il faut à cet âge-là & les pauvres enfants 2 fois orphelines[3] ont retrouvé dans leur tante[4] une affection toute maternelle qui leur a permis de reprendre l'équilibre de leur esprit après tous ces ébranlements. Tous, nous les aimons bien  sincèrement & du reste dès le premier jour il me semblait que ce qui a été fait était la seule chose à faire puisque vous et M. Mertzdorff[5], les 2 grands intéressés, sacrifiiez lui, sa vie sédentaire & tranquille, vous la présence de vos petits-enfants. Savoir aimer les autres pour eux & non pour soi est plus rare qu'on ne pense, bien que chacun dise que c'est l'a.b.c. de la tendresse. Mais adieu chère Madame veuillez recevoir l'expression de mes sentiments de respect & d'affection & tous mes remerciements encore pour votre aimable souvenir.

CDumas[6]


Notes

  1. Cette date, possiblement ajoutée par la suite, semble erronée. La lettre suit de peu la mort d'Eugénie Desnoyers, seconde épouse de Charles Mertzdorff (décédée en janvier 1873) et la venue de Marie et Émilie Mertzdorff à Paris. En 1875 le 20 décembre est un samedi.
  2. Marie et Émilie Mertzdorff.
  3. Orphelines après la mort de leur mère Caroline Duméril puis d'Eugénie Desnoyers.
  4. Aglaé Desnoyers, épouse d'Alphonse Milne-Edwards.
  5. Charles Mertzdorff.
  6. Papier à lettre avec initiales CD.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Vendredi 26 décembre 1873. Lettre de Cécile Milne-Edwards, épouse d'Ernest Charles Jean Baptiste Dumas (Paris) à Félicité Duméril (Morschwiller) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_26_d%C3%A9cembre_1873&oldid=35962 (accédée le 26 avril 2024).

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