Vendredi 26 août 1864

De Une correspondance familiale

Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa sœur Aglaé, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Cayeux-sur-Mer)

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Vieux-Thann 26 Août 64

Ma bonne petite Gla,

Ne te plains pas de ne pas avoir d’enfant ! car avec les mioches on est toujours tourmentée, agitée ; il y a toujours quelque chose qui ne va pas. Dans ma dernière lettre je te disais que Mimi[1] était souffrante. Un petit embarras d’estomac qui a amené de la fièvre, et une mine si mauvaise qu’on ne la reconnaissait pas ; et ajoutez à la préoccupation de la voir malade, figure-toi que son caractère est si changé qu’il nous est impossible d’en rien obtenir et pas plus la maman que les autres. Elle ne veut plus que Cécile[2] et pleure lorsqu’elle reste seule avec moi, aussi, je t’avouerais que ce matin je suis montée pleurer avec maman[3]. Hein quelle femme forte je fais ! c’est honteux mais c’est comme cela, je leur suis si entièrement dévouée à ces coquines.

Mais j’oublie de te dire que le physique va bien aujourd’hui, nous l’avons encore purgée à grand peine hier, et l’effet a été bon, la mine est plus claire ; encore un peu de diète et je crois que ça ira bien.

Tu comprends que cette petite indisposition est venue troubler une partie du plaisir de notre réunion, c’est à dire que nous n’avons pas pu faire de courses et je voudrais cependant faire voir le pays à papa et à maman.

Ta bonne petite lettre vient d’arriver et pour ma part elle m’a fait grand plaisir, ah ! oui que je serais contente de te revoir, ça vous trouble le cœur de joie rien que d’y penser ! enfin j’espère que nous irons en Novembre si tu ne penses pas venir ; ton mari[4] travaille tant et plus, papa m’a parlé de ses examens ; lui faire compliment peut-on oser ? il doit être si habitué aux succès de ce genre. Fais toutes nos amitiés à ton entourage.

Ça m’ennuie pour toi de savoir qu’Alphonse te quitte plusieurs jours par semaine, je sens que je ne serais pas raisonnable si quelqu’un des trois qui sont devenus miens, me quittaient.

Tout le monde est charmant pour nos parents, et ma belle-mère[5], sans en avoir parlé à personne, est venue souhaiter la fête à maman en lui apportant un magnifique bouquet !

Nous avons souhaité à notre bonne mère en votre nom et au nôtre sa fête. Je suis bien heureuse de les avoir et je te remercie de les engager à prolonger.

Il faut que je m’habille.

Adieu, je t’embrasse bien fort.

Eug.


Notes

  1. Marie Mertzdorff, fille du premier mariage de Charles.
  2. Cécile, domestique affectée au service des petites Mertzdorff.
  3. Jeanne Target, épouse de Jules Desnoyers, en visite en Alsace.
  4. Alphonse Milne-Edwards.
  5. Marie Anne Heuchel, veuve de Pierre Mertzdorff.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Vendredi 26 août 1864. Lettre d’Eugénie Desnoyers, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa sœur Aglaé, épouse d’Alphonse Milne-Edwards (Cayeux-sur-Mer) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_26_ao%C3%BBt_1864&oldid=35956 (accédée le 5 octobre 2024).

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