Vendredi 25 novembre 1870

De Une correspondance familiale

Lettre de C. Renard à son ancienne employeuse Eugénie Duméril, après le décès de son époux Auguste Duméril (Paris)

livre de copies, vol. 2, p. 640 (lettre 1870-11-25).jpg livre de copies, vol. 2, p. 641 (lettre 1870-11-25).jpg


Lettre de C. Renard, ancienne domestique.

25 Novembre 1870.

Madame,

J’ai été bien émue, en recevant votre billet, qui me faisait part de la mort de Monsieur Duméril, quoique cependant j’avais appris que sa maladie s’aggravait de plus en plus. Je ne cesse de penser quel vide, dans ce monde, pour sa famille, ceux qui l’ont connu, et ceux qu’il a protégés, et combien il a dû souffrir pendant sa pénible maladie, lui qui connaissait sa position, de se voir quitter les siens, qu’il aimait tant. Je ne sais, Madame, comment vous témoigner combien je prends part à cette cruelle épreuve, si ce n’est en suivant son exemple : à côté d’un grand malheur, il trouvait une compensation, et cette compensation est de penser que le vide qu’il fait dans cette vie, il le comble dans l’autre, au premier rang des bons.

Le temps de mon service chez vous, Madame, dans notre petit comité de compagnes, notre dicton était que s’il existait des saints dans la religion protestante, Monsieur Duméril serait canonisé. Si nous avons tenu ce langage, nous ne voulions pas parler des grandeurs de M. Duméril mais de sa bienveillance et de sa charité inépuisable, envers les pauvres, si nombreux, qui l’importunaient journellement. Soulager et protéger les uns, consoler les autres, et les encourager, tous le quittaient satisfaits, et lui, toujours heureux de faire une bonne œuvre. Une vie aussi bien utilisée dans ce monde, ne peut être qu’une bonne récompense dans l’autre.

Recevez. etc.

C. Renard.


Notice bibliographique

D’après le livre de copies : Lettres de Monsieur Auguste Duméril 2me volume (pages 640-641)

Pour citer cette page

« Vendredi 25 novembre 1870. Lettre de C. Renard à son ancienne employeuse Eugénie Duméril, après le décès de son époux Auguste Duméril (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_25_novembre_1870&oldid=35949 (accédée le 9 octobre 2024).

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