Vendredi 19 août 1892

De Une correspondance familiale



Lettre d'Alphonse Milne-Edwards (Varsovie) à sa nièce Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (château de Livet dans l'Orne)


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Varsovie 19 Août 1892[1]

Chère fille

Je viens te remercier de ta lettre Qui est venue me trouver à Vienne et qui m’a fait grand plaisir. C’est une bonne diversion à une solitude un peu prolongée que d’entendre une voix amie au milieu des accents tudesques.

Vienne est une belle ville fort agréable pour les étrangers mais je dois dire à ma honte que je n’ai goûté ni les petits gâteaux ni la bière. Voilà ce que c’est que de ne pas avoir de compagnon pour vous entraîner.

Le voyage à Zurich à Vienne est très intéressant, cette ligne de chemin de fer au milieu des montagnes amène des surprises continuelles et souvent on se demande, en voyant les rochers si fermés, comment on pourra passer. J’ai vu Brixlegg[2] avec son fin clocher, ses verts pâturages, son hôtel Wolf, mais je l’ai vu bien vite car le train ne s’y arrête pas.

Au contraire, de Vienne à Varsovie, pays plat, sablonneux, mal cultivé, forêts de Pins, champs de pommes de terre, poussière et soleil. Depuis trois jours nous avons 35 degrés à l’ombre dans les Wagons, ce qui dessèche les pauvres voyageurs.

J’ai trouvé cette nuit M. Raphaël Blanchard à la frontière russe de [Gramtza[3]], nous ferons route ensemble[4].

Adieu chère Marie. Bons baisers aux enfants[5], amitiés à Marcel[6]. Je ne veux pas trop lui parler de mon voyage et renouveler le supplice de Tantale.

AME


Notes

  1. Lettre sur papier deuil.
  2. Brixlegg: commune autrichienne dans le Tyrol.
  3. Hypothèse : Gänserndf, à la frontière austro-polonaise, puisque l'auteur n'est pas encore en Russie ?
  4. Raphaël Blanchard ne figure pas dans la liste des membres du Congrès anthropologique de Moscou (compte-rendu imprimé).
  5. Jeanne, Robert, Charles et Marie Thérèse de Fréville.
  6. Marcel de Fréville.

Notice bibliographique

D’après l’original.


Pour citer cette page

« Vendredi 19 août 1892. Lettre d'Alphonse Milne-Edwards (Varsovie) à sa nièce Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (château de Livet dans l'Orne) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_19_ao%C3%BBt_1892&oldid=52011 (accédée le 18 décembre 2024).

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