Vendredi 19 août 1881

De Une correspondance familiale

Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Villers-sur-mer)


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Vieux-Thann le 19 Août 81

Ma chère Marie ta lettre reçue ce matin m’a fait le plus grand plaisir, elle m’a comme tu le vois encore trouvé au Village, mais 2 jours plus tard j’étais envolé. Le train de demain Samedi soir doit m’emporter, Dimanche Matin je traverserai Paris & à 10 ½ j’embrasserai ta sœurette chérie[1] qui m’attend depuis plus de 15 jours. J’attendais le retour de Léon[2], puis en dernier celui de Jaeglé[3] qui ne nous arrive que ce matin.

Je tenais beaucoup à causer avec ce dernier sur ce qu’il avait fait à Berlin & je vois que ce n’est rien de bien bon ; je m’y attendais, mais enfin il vaut encore mieux savoir, avec tous les détails & c’est cela qui m’a fait tarder si longtemps.

Si je ne t’ai encore donné de mes nouvelles c’est en effet que je craignais que ma lettre ne t’arrive pas. Heureusement que par Émilie tu savais que tout le monde va bien ici.

l’état sanitaire pour les enfants commence à s’améliorer & j’espère que Marie Léon[4] avec sa petite pourra rentrer dans sa maison sans crainte. Elle est encore à Berck jusqu’au 25 fera un petit séjour à Paris & si possible rentre. Cela dépendra maintenant de ce que son mari décidera, il est bien peureux & craintif & se décidera peut-être à laisser Marie une 15zaine de jours à Sélestat.

Chez la plupart des enfants la rougeole était suivie de coqueluche, plusieurs de fluxion de poitrine & 3 ou 4 ont succombé.

Tu comprends combien je me réjouis de vous revoir tous, il y a bien longtemps que je suis dans ma solitude, je bavarde comme un trappiste avec moi-même.

Il paraît que Hélène continue à être enrhumée, elle l’était déjà il y a 15 jours lorsque Léon était à Berck de sorte qu’elle sort très peu & ne profitera pas de son séjour à la Mer. elle va mieux, mais il paraît que par ce grand vent elle ne sort pas.

Je n’ai rien de particulier à te marquer de Vieux-Thann. tante & Oncle Georges[5] ne vont pas mal. ne sortant pas. Bonne-Maman[6] est rentrée fatiguée, elle se remet un peu, mais n’a toujours pas bonne mine, comme elle n’a plus Hélène à voir, elle ne vient que rarement au Village, tandis que bon-papa[7] a repris ses voyages journaliers.

La sécheresse est bien grande, le pauvre Oxenfeld[8] est un désert qui fait peine à voir, habité par tant de Mulots qu’une fois les quelques pommes de terre de mangées il faudra bien qu’ils déménagent.

Tu sais sans doute que M. Bonnard[9] est nommé Chef de Bureau, ce qui n’enchante pas trop Élise[10] qui comptait déjà se retirer à la Campagne où elle se trouve avec sa mère[11] & ses enfants[12].

Il y a quelques jours que nous avons eu une journée, la première de petite pluie qui promettait, mais elle n’a donné que trop peu d’eau & nous voici de nouveau avec vent & soleil. cette petite pluie a fait grand bien à la vigne l’on vendangera de bonne heure. peut-être mi 7bre.

A la fabrique l’on a commencé à creuser les fondations de la nouvelle construction comme c’est en pleine rivière, nous profitons du manque d’Eau. Sortir de l’Eau c’est tout ce que l’on fera cet automne pour pouvoir commencer dès le printemps.

Tu embrasseras bien Jeanne[13] & ton mari[14] pour moi, présenteras mes hommages à Mme de Fréville[15] & pour toi reçois mes plus affectueux baisers

ton père

ChsMff


Notes

  1. Émilie Mertzdorff.
  2. Léon Duméril.
  3. Frédéric Eugène Jaeglé.
  4. Marie Stackler, épouse de Léon Duméril et mère d'Hélène Duméril.
  5. Élisabeth Schirmer et son époux Georges Heuchel.
  6. Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.
  7. Louis Daniel Constant Duméril.
  8. La plaine de l’Ochsenfeld, à Cernay.
  9. Eugène Bonnard.
  10. Élisabeth Mertzdorff épouse d'Eugène Bonnard.
  11. Caroline Gasser, veuve de Frédéric Mertzdorff.
  12. Charles, Pierre et Andrée Bonnard.
  13. Jeanne de Fréville.
  14. Marcel de Fréville.
  15. Sophie Villermé, veuve d’Ernest de Fréville.


Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Vendredi 19 août 1881. Lettre de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa fille Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Villers-sur-mer) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_19_ao%C3%BBt_1881&oldid=51207 (accédée le 27 avril 2024).

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