Samedi 29 juin 1822

De Une correspondance familiale


Lettre de Louis Benoît Guersant (Paris) à son ami Pierre Bretonneau (Tours)


Paris, 29 juin 1822.

Mon cher ami,

Je ne comprends en vérité rien à votre silence. Voilà bientôt une année que vous êtes venu nous communiquer votre mémoire. Tous les matériaux étaient disposés pour l’impression ; on vous a trouvé un libraire qui vous en donne quelque argent. Si vous aviez voulu vous en occuper seulement quinze jours, tout était terminé ; et vous avez la paresse de laisser là tout ce travail, qui vous a coûté du temps, des recherches et beaucoup de peine.

De tous côtés on me demande votre ouvrage qu’on croit déjà imprimé depuis longtemps, et je ne sais plus que répondre. Cloquet[1], de son côté, m’a demandé plusieurs fois et particulièrement encore hier le rapport que je vous ai envoyé il y a plus de six mois pour l’imprimer dans le journal. Peut-être, en effet, serait-il bon qu’il fût inséré, au moins en partie, dans quelque journal, pour entretenir l’attention du public sur votre travail.

Je n’ai pas voulu prendre sur moi de faire imprimer ce rapport, parce que Velpeau m’a dit que vous n’en étiez pas content, et j’ai craint de vous contrarier ; cependant, je crois qu’il est assez favorable à votre travail pour donner l’envie de le connaître. J’ai promis à Cloquet de vous écrire aujourd’hui. Répondez. Oui ou non, le voulez-vous ?

Dans le cas où vous consentiriez à ce qu’il le fût, indiquez-moi quels sont les passages qui vous blessent, et je verrai à les modifier.

Si vous consentez à ce qu’on l’imprime dans le journal, renvoyez-moi la copie que Duméril[2] vous a fait remettre, car le rapport est resté à l’Académie, et je ne pourrai donner l’original à l’imprimeur.

Adieu, mon cher ami, je vous aime toujours, malgré votre oublience de vos amis.

Je vous parlerais bien un peu médecine, mais on m’a dit que vous étiez dans les greffes jour et nuit, et il est beaucoup plus amusant sans doute de s’occuper d’entes que de parler de maladies, de mourants ou de cadavres. Je vous laisse donc à toutes vos nouvelles idées ; mais au moins répondez-moi et renvoyez-moi le rapport, si vous consentez à ce que je le remette à Cloquet.

Tout à vous.

Votre meilleur ami.


Notes

  1. Hippolyte ou, plutôt, son frère Jules Cloquet, proche de Bretonneau.
  2. André Marie Constant Duméril.

Notice bibliographique

D’après Triaire, Paul, Bretonneau et ses correspondants, Paris, Félix Alcan, 1892, volume I, p. 451-452. Cet ouvrage est numérisé par la Bibliothèque inter-universitaire de médecine (Paris)

Pour citer cette page

« Samedi 29 juin 1822. Lettre de Louis Benoît Guersant (Paris) à son ami Pierre Bretonneau (Tours) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_29_juin_1822&oldid=43187 (accédée le 20 avril 2024).

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