Samedi 21 février 1795 (B), 3 ventôse an III

De Une correspondance familiale

Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à sa mère Rosalie Duval(Amiens)

volume 2 des lettres copiées, page de titre.jpg lettre du 21 février 1795 (B), recopiée livre 2 page 1.jpg lettre du 21 février 1795 (B), recopiée livre 2 page 2.jpg


Maman,

Quant à vous pour vous écrire, il faut tailler sa plume, se moucher à la chandelle, et écrire plus gros : je vais d’abord répondre à votre dernière et ensuite toucher une autre corde. Duméril[1] a reçu les 300ll et m’a acheté de l’étoffe pour un habit. C’est du drap de <Numakiel>, j’en ai 5 aunes à <50x, 250x>, une paire de bas propres 25s. Combien me reste-t-il pour la doublure et la façon ? Sans tourner tout autour du pot vous devez voir que je suis sans le sou. Mon voyage et mes ports, m’avaient absorbé mon pécuniaire. Et la vie de Paris, vous ne devineriez pas combien me coûte un dîner ? ou plutôt vous ne le voudriez pas croire ? malheureusement c’est Auguste[2] qui paye cela pour moi.

Désarbret vous dira que je suis nommé prosecteur d’anatomie et comment je me suis tiré du concours. Vous pourriez tirer de là une conséquence, celle de la manière dont j’ai passé mon temps. J’ai été si excessivement occupé depuis le 21, que je n’ai vu, ni parlé à qui que ce soit. Un travail indispensable que j’ai entrepris me demande quatre heures d’assiduité continue, le soir. Et puis, tenez, voilà ma vie : le matin je pars à huit heures pour aller préparer la leçon qui commence à dix. Nous sortons de la seconde à 2 heures. Je rentre à trois heures moins un quart (3 quarts d’heure de marche !). Je travaille une heure, nous allons dîner. Je rentre, je me remets au travail, je me couche, je me lève…

Je vous embrasse, ainsi que papa[3]

Votre fils Constant Duméril

Elève et prosecteur d’anatomie à l’école de santé

Rue de Gaillon

J’ai commandé une paire de souliers de <25x>.


Notes

  1. Jean Charles Antoine, dit Duméril, frère d’André Marie Constant Duméril.
  2. Auguste Duméril (l’aîné) et Joseph Marie Fidèle, dit Désarbret, frères d’André Marie Constant.
  3. François Jean Charles Duméril.

Notice bibliographique

D’après le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 2ème volume, p. 1-2. Cette lettre est jointe au document 1795-05.

Pour citer cette page

« Samedi 21 février 1795 (B), 3 ventôse an III. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à sa mère Rosalie Duval(Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_21_f%C3%A9vrier_1795_(B),_3_vent%C3%B4se_an_III&oldid=35466 (accédée le 21 novembre 2024).

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