Samedi 21 août 1886

De Une correspondance familiale

Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Émalleville dans l'Eure) à sa petite-fille Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (en villégiature au bord de la mer)


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Émalleville 21 Août 1886.[1]

Chère et bonne petite Marie,

Ma sœur[2] ne se trompait donc pas en pensant que tu étais dans une position intéressante, moi je ne le croyais pas alors, mais à présent que tu me l’apprends et que tu me dis en même temps que tu vas à merveille je n’ai plus cette crainte qui m’est habituelle que des jeunes femmes n’aient trop de fatigue par des grossesses rapprochées[3]. Comme toi, ma chère enfant, je prie pour ce petit être à venir que j’aime à orner de qualités et pour lequel je fais les vœux les plus tendres comme je les fais pour ses chers parents[4].

Nous voici à Émalleville entourés par Georges et sa femme[5] de mille soins, de mille attentions ; tous deux s’occupent activement et intelligemment car ce n’est pas une petite affaire que la culture ainsi que le personnel auquel cela entraîne. Je vois avec bonheur qu’ils sont aimés et recherchés par leurs voisins, personnes haut placées dans la société, d’une part l’amiral Bourgois[6], sa femme qu’on me dit aussi bonne qu’aimable, de l’autre le général Pétiet[7] sa femme, leur fille[8] mariée à un capitaine de vaisseau et que nous avons vu hier, nous ont laissé la plus agréable impression, demain Dimanche Georges et Maria iront dîner chez eux, ils voulaient aussi nous avoir et étaient venus nous faire une aimable invitation que nous n’avons pas acceptée, car tu sais que pour ton bon-papa[9], il est important de ne rien changer aux habitudes de la vie. Mille remerciements, ma chère petite pour toutes les bonnes nouvelles que tu nous donnes, nous voyons en pensée Jeanne, Robert et Charles prendre leurs ébats sur le sable et se livrer à divers exercices en respirant l’air fortifiant de la mer : nous ne reconnaîtrons plus notre cher petit Robert avec ses bonnes joues brunies par le soleil : puis ton oncle Léon et sa femme[10] se trouvent parfaitement du traitement suivi à Champel[11] et j’en remercie Dieu.

On me dit de finir cette lettre parce que le facteur rural va arriver, je te quitte donc ma chère enfant en t’embrassant comme je t’aime ainsi que Marcel et les enfants.

Félicité Duméril

Mille choses bien senties à Mesdames de Fréville et de la Serre[12].

Ton bon-papa va fort bien et vous envoie ses tendres amitiés. Georges et Maria très sensibles à votre souvenir m’ont chargée pour vous de leurs compliments bien affectueux.


Notes

  1. Lettre sur papier-deuil.
  2. Eugénie Duméril, veuve d'Auguste Duméril.
  3. Marie Mertzdorff-de Fréville est déjà mère de Jeanne (5 ans), Robert (4 ans) et Charles (2 ans) ; Marie Thérèse de Fréville naîtra en 1887.
  4. Marie Mertzdorff et son époux Marcel de Fréville.
  5. Georges Duméril et son épouse Maria Lomüller.
  6. L'amiral Siméon Bourgois et son épouse Sophie Mathilde Jeanne de La Roche.
  7. Charles Armand Pétiet, époux d'Antoinette de Guirard de Montarnal.
  8. Marguerite Pétiet, épouse de Jules Melchior.
  9. Louis Daniel Constant Duméril.
  10. Léon Duméril et son épouse Marie Stackler.
  11. Champel est un quartier résidentiel de la ville de Genève, en Suisse.
  12. Les belle-mère et belle-sœur de Marie : Sophie Villermé, veuve d'Ernest de Fréville et Louise de Fréville, épouse de Roger Charles Maurice Barbier de la Serre.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Samedi 21 août 1886. Lettre de Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Émalleville dans l'Eure) à sa petite-fille Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (en villégiature au bord de la mer) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_21_ao%C3%BBt_1886&oldid=35461 (accédée le 14 novembre 2024).

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