Samedi 18 janvier 1873

De Une correspondance familiale

Lettre d’Eugénie Duméril, veuve d’Auguste Duméril (Chaumont) à ses petites-nièces Marie et Emilie Mertzdorff (Vieux-Thann)


original de la lettre 1873-01-18 page1.jpg original de la lettre 1873-01-18 pages2-3.jpg


Chaumont 18 Janvier 1873.[1]

Mes chères, mes bonnes petites nièces,

Je suis avec vous de cœur, au milieu de la grande épreuve qui vous est envoyée, à un âge où généralement tout sourit encore dans l'existence, et je pleure avec vous la sainte mère[2] qui vous a été ravie, si semblable à celle[3] que vous avez perdue dès l'enfance.

Déjà, le moment est venu pour vous de pratiquer les vertus qui vous ont été enseignées. Ce n'est que dans le malheur, mes bien-aimées, qu'est donnée la possibilité d'acquérir des mérites.

Nous ne pouvons douter que les desseins de Dieu ne soient infiniment miséricordieux : si donc il a appelé si prématurément à lui votre sainte mère, c'est dans un but bienfaisant à son égard, ainsi qu'au vôtre.

L'aveuglement où nous sommes ici-bas des secrets du Ciel ne saurait, en cela, nous permettre le doute, et nous devons nous abandonner avec une entière confiance aux décrets de la volonté divine.

Vos deux excellentes mères veillent sur vous : elles seconderont les efforts de votre excellent père[4], de vos grands-parents[5], de tous ceux qui vous entourent, pour obtenir que vous deveniez des femmes de bien, et le jour viendra où, tous réunis en Dieu, vous n'aurez plus à souffrir, ni à vous tourmenter.

En attendant la réalisation de ces espérances, le bon Dieu répandra sur vous, ma chère Marie, ma chère Emilie, les trésors de sa grâce, si vous avez su vous en rendre dignes.

Gémissant aujourd'hui avec vous sur la perte immense que vous faites, je suis pleine de confiance, pleine d'espoir en vous, qui avez puisé des sentiments si chrétiens !

Adieu, ma bonne Marie, ma bonne Emilie. Je vous embrasse de cœur, au nom de mon excellent mari[6] ainsi qu'au mien, avec la vive tendresse qu'il vous portait, et que je vous porte.

Votre tante Eugénie.


Notes

  1. Lettre sur papier deuil.
  2. Eugénie Desnoyers (†), seconde épouse de Charles Mertzdorff.
  3. Caroline Duméril (†), première épouse de Charles Mertzdorff.
  4. Charles Mertzdorff.
  5. Félicité Duméril et son époux Louis Daniel Constant Duméril.
  6. Auguste Duméril (†).

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Samedi 18 janvier 1873. Lettre d’Eugénie Duméril, veuve d’Auguste Duméril (Chaumont) à ses petites-nièces Marie et Emilie Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Samedi_18_janvier_1873&oldid=56994 (accédée le 15 novembre 2024).

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