Mercredi 7 février 1877 (B)

De Une correspondance familiale


Lettre de Clémentine Dumaine (près de Paris) à Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril (Vieux-Thann)


original de la lettre 1877-02-07B pages 1-4.jpg original de la lettre 1877-02-07B pages 2-3.jpg


7 Février 77

hélas, chère madame amie, j’ai à vous apprendre, de la part de la pauvre antoinette[1] une bien triste nouvelle. Et comme moi, vous gémirez, vous aurez grand chagrin de la mort de notre chère madame de tarlé[2]. sa fille en est bien malheureuse. Elle était avec bien de l’amertume au cœur, l’isolement où la plonge la disparition de cette mère, celle dont la sollicitude l’entourait à tous les instants et la douleur l’eût accablée durant ces derniers jours, si elle n’avait l’assistance admirable de Mme de Courcy[3]. M. de Courcy, lui, s’est chargé de toutes les courses au dehors : à peine si notre pauvre amie a été malade. je l’ai vue pour la dernière fois, le vendredi 24 janvier. Elle racontait une soirée donnée la veille pour célébrer les 16 ans de Suzanne[4], soirée qui avait été charmante. après que je l’eus quittée, elle eut une espèce de crise de suffocation. antoinette croit maintenant que ce devait être une congestion au poumon, mais elle parut en être remise tout en gardant la chambre, ne sortant plus. Et le mardi suivant, antoinette devint si inquiète, que sans consulter sa mère elle appela le médecin[5]. mais, dit mme de tarlé en le voyant entrer, je ne suis pas en danger. M. Hardy l’entretint dans cette idée. il reconnut pourtant une bronchite capillaire, et ne donna presque pas d’espoir à mme de milhau. celle-ci et Suzanne ne quittèrent plus la malade ni jour, ni presque la nuit. Suzanne est dans cette circonstance aussi bien que possible en tous points. Le vendredi 2 février notre amie a été administrée, cela s’est trouvé amené on ne saurait plus naturellement et elle n’en a éprouvé aucun effroi. Dans la nuit du samedi au dimanche, à 2h du matin elle a rendu le dernier soupir : c’est Mme de courcy qui l’a reçu. Il y a eu les deux dernières nuits sinon agonie, du moins des gémissements bien plaintifs dont on souffrait bien à l’entendre de son lit, mais elle n’adressait presque plus de paroles à personne. une fois, le vendredi, quand on croyait ses facultés de penser éteintes, elle a, tout à coup, demandé une lettre de Mme de Lavalette reçue la veille ni qu’elle n’avait pas ouverte, ni dont elle ne s’était plus occupée. elle l’a demandée, avec ses lunettes, puis une bougie. Puis elle s’est [soulevée] a lu la lettre mais elle n’a pas [   ] suite, aucune réflexion : je vais écrire à Mme votre sœur [   ]

et je me sens l’âme affligée. mes relations avec Mme de tarlé m’étaient des plus douces. Elle me donnait de vos nouvelles quand elle en recevait. nous vivions ensemble dans le passé. nous avons eu du moins le temps de causer toutes deux du projet de mariage de votre fils[6]. nous en étions bien heureuses pour vous. adieu madame, la pauvre antoinette ne doute pas de votre peine et je vous l’assure, on sent qu’elle reconnaît le grand mérite de sa mère. [aussi les amis et les parents] sont prêt à l’assister et leur dévouement la touche

votre affectionnée
clémentineDumaine

les obsèques ont eu lieu hier mardi, à la trinité. J’y ai aperçu M. anatole[7]


Notes

  1. Antoinette de Tarlé, veuve de Gilbert de Milhau, fille de Suzanne de Carondelet-de Tarlé (dont la mort est ici annoncée).
  2. Suzanne de Carondelet, veuve d’Antoine de Tarlé.
  3. Félicie Leroy de La Brière, épouse d’Achille de Courcy.
  4. Suzanne de Milhau.
  5. Alfred Hardy.
  6. Léon Duméril va épouser Marie Stackler.
  7. Anatole Dunoyer

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mercredi 7 février 1877 (B). Lettre de Clémentine Dumaine (près de Paris) à Félicité Duméril (épouse de Louis Daniel Constant Duméril) (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_7_f%C3%A9vrier_1877_(B)&oldid=42612 (accédée le 20 avril 2024).

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