Mercredi 4 août 1880 (A)
Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Villers-sur-mer) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)
Villers 4 Août 1880.
Merci, mon cher Papa, de ta bonne lettre et de la petite photographie que j’ai reçue il y a deux jours ; je suis bien contente de savoir que tu vas bien, que tu es satisfait de ta saison de Wattwiller et enfin que tu ne renonces pas au voyage de Suisse, cette pensée m’ennuyait fort ; tu sais que nous avons toujours l’intention d’aller faire un petit tour à Villeneuve[1] vers le 25 et que par conséquent il faut absolument que tu y sois à ce moment-là ; ce serait trop désolant de ne pas être au complet et j’aimerais beaucoup mieux s’il fallait que tu renonces à quelques chose, te voir abandonner Zermatt[2]. Sais-tu mon cher Papa qu’il y a bien longtemps que je ne t’ai vu, aussi je me réjouis bien en pensant à la Suisse et à Vieux-Thann.
J’espère qu’aujourd’hui pour la Saint Dominique vous avez aussi beau temps que nous ; les jours de fête le soleil est bien à désirer. Depuis hier ce cher soleil est aimable de nouveau mais il s’est caché pendant cinq ou six jours et a été remplacé par des averses continuelles, trop abondantes même pour la campagne. Avant nous sortions beaucoup [ ] nous passions [ ] chambres du haut [ ] Marcel[3] s’est fait une sorte de cabinet de travail ; nous avons de la fenêtre une belle vue sur la mer.
Notre mère[4] est arrivée hier, Marcel a été à pied à Trouville la chercher et [moi] j’ai été l’attendre seulement à la diligence ; elle avait voyagé avec Louise[5] et toute la petite bande depuis Louis jusqu’à René mais à Trouville on s’est séparé ; j’espère bien dans quelques jours aller les voir chez eux car Louise ne peut guère voyager avec tout son petit bataillon. Notre mère malgré la chaleur n’a pas été trop fatiguée ; elle est installée déjà [ ] nous avons fait avec elle une petite station sur la plage. Nous allons dans un instant retourner nous asseoir dehors avec nos pliants, nos ouvrages et la fameuse ombrelle géante dont je crois t’avoir déjà parlé mais j’écris si souvent dans des directions différentes que je ne sais plus ce que j’ai dit aux uns et aux autres ; pour bien faire il me faudrait une petite presse à copier pour pouvoir me rappeler ce que j’ai écrit à chacun et puis de cette façon la même lettre contenant les mêmes nouvelles pourrait servir servirait à la fois à Vieux-Thann, à Launay et à Paris. Je vois que j’avais oublié de te dire que Marcel avait craint un moment d’être forcé de retourner à Paris pour une séance de la Cour, mais heureusement il a pu s’en dispenser et nous ne nous sommes pas quittés. Adieu mon cher Papa, merci de ta longue lettre, je t’embrasse de tout mon cœur. Marcel se joint à moi pour t’envoyer toutes sortes de bonnes amitiés.
ta fille,
Marie
J’embrasse bien bon-papa et bonne-maman[6].
Notes
- ↑ Villeneuve en Suisse, dans le canton de Vaud.
- ↑ Zermatt, en Suisse également, dans le canton du Valais.
- ↑ Marcel de Fréville, époux de Marie Mertzdorff.
- ↑ Sophie Villermé, veuve d’Ernest de Fréville.
- ↑ Louise de Fréville, épouse de Roger Charles Maurice Barbier de la Serre et mère de Louis, Etienne, Maurice et René Barbier de la Serre.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril et son épouse Félicité Duméril.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Mercredi 4 août 1880 (A). Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Villers-sur-mer) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_4_ao%C3%BBt_1880_(A)&oldid=59314 (accédée le 23 décembre 2024).
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