Mercredi 22 février 1871

De Une correspondance familiale


Lettre de Henri Delaroche (Le Havre) à Eugénie Duméril après la mort de son époux Auguste Duméril (Paris)



Lettre de Henri Delaroche.

Havre 22 Février 1871.

Ma chère Eugénie,

L’interruption des communications avec Paris, m’ont empêché, jusqu’à présent, de venir vous exprimer la douleur que nous avons éprouvée de la mort de votre cher Auguste[1], de cet excellent ami, pour lequel nous avions tous, dans ma famille, tant d’affection ; de cet homme de bien et de devoir, d’un caractère si élevé et si pur. Nous sympathisons avec vous, et nous vous plaignons de tout notre cœur, ma pauvre cousine : nous sentons combien votre vie est brisée, et de quelle courageuse et religieuse résignation il faut que vous vous armiez, pour pouvoir supporter une catastrophe aussi cruelle, et aussi inattendue. Au moyen de lettres envoyées par les ballons, ma sœur Emilie[2] nous avait informés des progrès de la maladie de votre cher mari, puis de son issue fatale.

Combien j’aurais désiré aller vous faire une visite, mais ce malheureux siège de Paris rendait la chose impossible. Nous avions su quel courage et quelle douceur ce pauvre Auguste a toujours montrés, au milieu de ses souffrances, et de quelle force d’âme vous avez fait preuve, vous-même. Nous avons aussi beaucoup pensé à Adèle[3], à qui nous vous prions de dire mille choses affectueuses de notre part. J’espère que son mari aura pu, depuis quelque temps déjà, venir vous trouver.

Adieu, ma chère Eugénie, Céline[4] vous aurait aussi écrit, si elle n’était absorbée par les soins de garde malade, mais vous connaissez ses sentiments pour vous, et vous savez combien elle rendait, à celui que nous pleurons, l’affection qu’en toutes circonstances, il lui témoignait. Il en était de même de mes filles[5] et de Raoul[6], qui ont très vivement ressenti la perte de leur excellent cousin.

Je me mets bien à votre disposition, si je peux vous être de quelque utilité pour les affaires de la succession. Ma maison[7] va vous envoyer le compte de 1870.

Adieu, encore,

Votre bien affectionné et dévoué cousin et ami.

H. Delaroche.

Je ne vous dis pas combien nous étions préoccupés de vous, dans les derniers temps du siège, et pendant le bombardement.


Notes

  1. Auguste Duméril.
  2. Emilie Delaroche, épouse d’Adrien Joseph Gastambide.
  3. Adèle Duméril, épouse de Félix Soleil.
  4. Céline Oberkampf, épouse d’Henri Delaroche.
  5. Julie, Marie et Gabrielle Delaroche.
  6. Raoul Delaroche.
  7. Henri Delaroche est négociant au Havre.

Notice bibliographique

D’après le livre de copies : Lettres de Monsieur Auguste Duméril 2me volume (pages 667-669)

Pour citer cette page

« Mercredi 22 février 1871. Lettre de Henri Delaroche (Le Havre) à Eugénie Duméril après la mort de son époux Auguste Duméril (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_22_f%C3%A9vrier_1871&oldid=57714 (accédée le 24 novembre 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.