Mercredi 21 mars 1877 (B)
Lettre de Céline Oberkampf (épouse d’Henri Delaroche) (Le Havre) à Félicité Duméril (épouse de Louis Daniel Constant Duméril) (Vieux-Thann)
Havre 21 Mars 1877
Chère Félicité,
J’ai reçu aujourd’hui votre bonne lettre, et je ne veux pas tarder à y répondre, car depuis longtemps je veux vous écrire, sans avoir pu trouver le temps de le faire ; je suis heureuse de vous dire combien je me réjouis du mariage de Léon[1], et je peux d’autant mieux vous le dire, à présent que j’ai vu votre future belle-fille[2] et sa mère[3]. Comme vous le pensiez ces dames m’ont beaucoup plu ; elles sont charmantes et je comprends que votre cher fils se soit promptement attaché à Mlle Marie Stackler ; elle paraît de son côté, être très contente de son fiancé, et je ne doute pas que ces jeunes gens ne soient très heureux, et ne vous donnent chère amie, ainsi qu’à votre excellent mari[4], tout le bonheur dont vos cœurs peuvent jouir, après tant d’épreuves qui ont traversé votre existence. C’est avec un vrai bonheur que nous envisageons cette perspective ; et je vous assure que nous sommes très fiers mon mari[5] et moi d’avoir été pour quelque chose dans tout cela. Pourtant il faut bien convenir que ce quelque chose a été très peu de chose ; mais enfin nous faisions ce que nous pouvions, et Dieu aidant, et les bons amis de Mulhouse travaillant, ces jeunes gens si bien faits l’un pour l’autre sont arrivée à se connaître, et alors m’est avis que les choses ont marché très facilement.
A présent mon mari se réjouit d’aller se joindre à vous tous pour le grand moment du mariage ; j’espère bien que rien ne l’en empêchera, mais je crains que Raoul[6] ne puisse pas accompagner son père ; il me charge chère amie de vous dire tous ses regrets, et de vous prier de les faire agréer à Léon, pour le cas, où comme il le croit il sera privé du plaisir de se rendre à Mulhouse à l’époque de son mariage. Chère amie, nous voudrions faire un petit cadeau à vos jeunes mariés ; pensez-vous qu’un cafetière d’argent leur plairait ? Peut-être cet objet leur est-il déjà offert par quelque autre parent. Dans ce cas vous seriez bien bonne de nous indiquer quelque chose qui puisse leur faire plaisir ; je vous serai bien obligée de m’écrire un petit mot à ce sujet le plus tôt qu’il vous sera possible.
Je vous quitte chère Félicité, en vous répétant comme je suis de cœur avec vous et tous les vœux que je forme pour le bonheur de vos chers enfants. Je ne vous dis rien pour mon mari, parce qu’il écrit à Constant, mais il est bien de moitié dans tous mes sentiments, comme aussi mes enfants qui ont trouvé Mlle Stackler tout à fait agréable et sympathique. Tout notre monde ici va bien et me charge de mille choses pour vous et mille remerciements de votre bon souvenir. Les petits enfants grandissent et se développent. Les 3 Kablé[7] me donnent fort à faite, mais Dieu merci leurs santés sont très bonnes. Ma fille Marie[8] va bien ; son dernier enfant, Émile[9], devient très beau garçon ; il est très facile et ne fatigue pas trop sa maman.
Je termine pour de bon en vous embrassant de cœur et me disant votre affectionnée,
Céline Delaroche
Notes
- ↑ Léon Duméril.
- ↑ Marie Stackler.
- ↑ Marie Stéphanie Hertzog, veuve de Xavier Stackler.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril (« Constant »).
- ↑ Henri Delaroche.
- ↑ Raoul Delaroche, fils d’Henri.
- ↑ Les enfants de Julie Delaroche et son époux Charles Kablé : Jacques, Marguerite et Jeanne Kablé.
- ↑ Marie Delaroche, épouse de Jules Emile Roederer.
- ↑ Emile Roederer, troisième enfant de Marie Delaroche et Jules Emile Roederer.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Mercredi 21 mars 1877 (B). Lettre de Céline Oberkampf (épouse d’Henri Delaroche) (Le Havre) à Félicité Duméril (épouse de Louis Daniel Constant Duméril) (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_21_mars_1877_(B)&oldid=57718 (accédée le 22 décembre 2024).
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