Mercredi 21 janvier 1880
Lettre d’Aglaé Desnoyers (épouse d’Alphonse Milne-Edwards) (Paris) à Félicité Duméril (épouse de Louis Daniel Constant Duméril) (Vieux-Thann)
Mercredi 5h[1]
Chère bonne-maman,
Voici notre chère Marie[2], tout à fait décidée, et très satisfaite du grand engagement qu’elle vient de prendre ; je ne saurais jamais vous dire combien elle a été charmante dans toutes ces occasions, elle n’a jamais perdu son calme ni son jugement ; a remis tout entre les mains du bon Dieu qui l’a guidée d’une façon bien providentielle au milieu de ces grands événements. Si vous saviez comme nous sommes heureux de voir cette chère enfant envisager l’avenir avec une si grande tranquillité, et une si douce gaieté... M. de Fréville lui plaît complètement, elle cherche en vain un petit point noir ; en effet, il est difficile de trouver une personne plus franche, plus simple, plus distinguée ; sa mère[3] et sa sœur[4] sont charmantes aussi, et aussi peu effrayantes que possible. Nous avons bien des actions de grâce à rendre à Dieu de nous avoir fait rencontrer si complètement ce que nous pouvions, dans notre exigence souhaiter trouver. Il nous semble que nous vivons dans un rêve, mais un rêve qui n’a rien de pénible au contraire.
Je regrette doublement votre éloignement ; nous serions si heureux de pouvoir parler de toutes ces graves choses avec vous, et de vous présenter votre futur petit fils. Marie vient de dire son oui depuis quelques heures ; et pour la première fois M. de Fréville doit venir dîner ; demain nous irons chez sa mère qui est un peu souffrante et ne doit pas sortir, puis nous commencerons à annoncer la grande nouvelle à la famille, car personne n’est au courant de ce qui nous occupe tant en ce moment. Vous seriez bien aimable de continuer à garder un peu le secret afin que Marie écrive directement à Marie Berger pour lui annoncer cette si grande nouvelle ; elle compte également en faire part directement à Mme Georges[5], mais comme elle tient à ce qu’elle sache la chose de suite et qu’il lui sera impossible d’écrire immédiatement, elle vous serait bien reconnaissante de la mettre en son nom au courant de tout ce qui se passe ici.
Quant à Léon et à sa femme[6], ils ont partagé nos préoccupations et partagent maintenant notre satisfaction, car tout ce que nous vous avons écrit était aussi pour eux. Faites toutes mes amitiés à M. Léon en lui annonçant la décision de Marie et embrassez votre chère petite Hélène[7] pour moi.
Mille choses affectueuses à bon-papa[8] auquel je m’adresse chaque fois que je vous écris.
Recevez bonne-maman mes tendres amitiés,
AME
Merci pour vos bonnes lettres. J’espère que vous êtes tout à fait bien.
Notes
- ↑ Lettre sur papier à monogramme A[glaé] E[dwards].
- ↑ Marie Mertzdorff vient de se fiancer à Marcel de Fréville.
- ↑ Sophie Villermé, veuve d’Ernest de Fréville.
- ↑ Louise de Fréville, épouse de Roger Charles Maurice Barbier de la Serre.
- ↑ Elisabeth Schirmer, épouse de Georges Heuchel.
- ↑ Léon Duméril et son épouse Marie Stackler.
- ↑ Hélène Duméril.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril.
Notice bibliographique
D’après l’original
Pour citer cette page
« Mercredi 21 janvier 1880. Lettre d’Aglaé Desnoyers (épouse d’Alphonse Milne-Edwards) (Paris) à Félicité Duméril (épouse de Louis Daniel Constant Duméril) (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mercredi_21_janvier_1880&oldid=35051 (accédée le 3 décembre 2024).
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