Mardi 4 novembre 1794, 14 Brumaire an III
Lettre d’André Marie Constant Duméril (Rouen) à sa mère Rosalie Duval (Amiens)
n°76
Rouen 14 Brumaire an troisième de la république
Maman,
J'ai reçu la lettre que vous m'avez adressée ces jours-ci ; et je profite de l'occasion que m'offre le frère du citoyen Legendre pour y répondre. D'abord je vous rends grâce des soins attentifs que vous me témoignez : N'ayez nulle inquiétude sur ma santé, je me porte assez bien, et l'incommodité que j'éprouvais les 1ers jours de mes leçons et dont je vous ai parlé, ne se fait plus sentir. J'en ai changé l'heure et m'en trouve mieux. Je la fais maintenant le soir et pour la partie qui nous occupe j'ai beaucoup moins à parler, mais plus à faire. La leçon d'hier, par exemple, m'a demandé cinq heures de travail assidu, pour sa préparation. Vous me conseillez de parler de ma pension à la citoyenne Thillaye : je vous avoue franchement qu'il me ferait beaucoup plus de plaisir que vous la proposiez vous-même, pour le temps passé et jusqu'à ce que je puisse me rapprocher de l'hospice. Car véritablement la route que je suis obligé de faire me peine depuis que j'ai mon logement à l'hospice, il me serait si agréable de sortir de mon laboratoire pour monter à ma chambre ! Au lieu de cela, j'ai si loin le soir et depuis trois décades je ne m'en suis guère retourné sans pluie. On m'a fait entrevoir l'espérance d'une pension pour Noël à raison de 800ll à 1 000ll. Sans compter le temps que je perds dans mes allées et venues, j'y gagnerais 2 heures, je serais plus tranquille et j'aurais beaucoup moins de fatigue.
La conduite de Sautereau à Amiens est la même que celle qu'il a tenue ici. Si quelques reproches lui ont été faits, c'est à l'égard des détenus. J'espérais que papa[1] aurait été employé dans ce nouvel ordre de choses, sa manière de voir étant celle du moment et n'ayant point variée. Le citoyen Legendre de Denain doit venir la semaine prochaine à Rouen. Si vous pouviez le charger de la paire de bas de laine et des souliers dont je vous fais passer la mesure, ci-incluse.
Si la guerre dure, mon parti est pris, au printemps je me place dans les hôpitaux militaires, et comme il n'est que de voir les choses de loin, Si vous trouvez occasion de m'être utile pour ce moment-là, préparez votre Batterie. Je puis prétendre à une place de sous-aide. Je désirerais par préférence un hospice enseignant.
Je vous embrasse ainsi que papa aimez-moi toujours comme vous aime
Votre fils Constant Duméril
Mesures de mon pied
9 Pouces 6 lignes - Longueur
3 Pouces 6 lignes - Largeur depuis la tubérosité du gros orteil (jusqu'à celle du petit)
Trois pouces - Largeur du Talon prise au-dessous des chevilles
Les attaches pour boucles de 18 lignes de large.
Notes
Notice bibliographique
D’après le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 1er volume, p. 161-163
Pour citer cette page
« Mardi 4 novembre 1794, 14 Brumaire an III. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Rouen) à sa mère Rosalie Duval (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_4_novembre_1794,_14_Brumaire_an_III&oldid=41009 (accédée le 21 décembre 2024).
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