Mardi 19 février 1793

De Une correspondance familiale

Lettre d’André Marie Constant Duméril (Rouen) à sa mère Rosalie Duval (Amiens)

lettre du 19 février 1793, recopiée livre 1 page 109.jpg lettre du 19 février 1793, recopiée livre 1 page 110.jpg


N° 45

Rouen ce 19 février 1793, 2e année de la république[1]

Maman,

Le citoyen[2] Delcourt m’a remis, et la culotte, et la doublure que vous avez eu la complaisance de m'envoyer, malheureusement elle est arrivée trop tard, un volontaire en passant, a offert du satin Turc ; <…> pour 7ll10 que Mme Thillaye m'a acheté, et que j'ai fait passer de suite chez le tailleur, avec une doublure, la culotte est faite maintenant.

Je vous remercie des détails intéressants que vous me donnez de la famille. J'ai appris avec chagrin qu'Auguste et Désarbret étaient obligés de quitter l'état pour lequel ils avaient employé tout le temps de l'étude. Quant à Montfleury[3], que fera-t-il ? Qu'en ferez-vous ?

Vous me dites des choses si obligeantes, si amicales, que je ne puis y répondre, je ne pourrais que mal vous dire ; ce que je sais, si Dieu penser, mille paroles ne vous découvriraient pas un seul de mes sentiments. Ce que c'est que de sentir trop vivement !

Quant à l'acquisition de Papa[4] que vous en dirai-je ? il a fait tant et si bien, pour nous, que je crois qu'il n'aura qu'à s'en louer. Je fais passer à Papa un premier recueil des procès-verbaux du faux assignat, que la Société d'émulation de Rouen vient de faire imprimer[5]. Chaque membre en a reçu un certain nombre. Je crois en faire un bon usage.

Voulez-vous entendre quelque chose de Constant.

Il a été nommé jeudi dernier, à une majorité absolue, à la place du 1er Secrétaire de Bureau de la Société d'émulation. Son second est le professeur de chimie de Rouen.

Je vous embrasse

Votre fils Constant Duméril.

M. Yvelin me mande de Paris, où il est depuis deux mois pour affaire, par une lettre du 15 courant, de vouloir bien le rappeler au Souvenir de papa, ce que je fais. Mme Thillaye me charge du même rappel, à votre égard, je m'en acquitte.


Notes

  1. Un décret postérieur à cette lettre (4 frimaire an II- 24 décembre 1793) déclare que l’an II ne commence que le 22 septembre 1793 et que « les actes passés du 1er janvier au 26 septembre [1793] sont regardés comme appartenant à la première année de la République ».
  2. Le remplacement officiel du mot Monsieur par l’appellation de citoyen date d’un arrêté de la Commune de Paris du 21 août 1792 ; le nouvel usage s’impose rapidement.
  3. Auguste, Joseph Marie Fidèle dit Désarbret et Florimond dit Montfleury sont trois frères d’André Marie Constant Duméril.
  4. François Jean Charles Duméril.
  5. Tableau des faux assignats, ou premier recueil des procès-verbaux de leur falsification, imprimé et publié par la Société d'émulation de Rouen, Rouen, Guédra frères, 1793, In-8. La question des faux assignats préoccupe la Société d'émulation depuis plusieurs mois.

Notice bibliographique

D’après le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 1er volume, p. 109-110

Pour citer cette page

« Mardi 19 février 1793. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Rouen) à sa mère Rosalie Duval (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_19_f%C3%A9vrier_1793&oldid=40771 (accédée le 26 décembre 2024).

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