Mardi 17 avril 1917

De Une correspondance familiale

Lettre d’Emilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris) à son fils Louis Froissart (mobilisé)

original de la lettre 1917-04-17 pages 1-4.jpg original de la lettre 1917-04-17 pages 2-3.jpg


17 Avril 17[1]

Mon cher Louis,

Tu fais parler de toi. Le bruit que vous faites nous est communiqué et nous remplit d’espoir. Ton petit mot du 11 en nous confirmant que ta santé était bonne nous donne toute la sécurité que nous pouvons avoir actuellement à ton sujet et, si elle est un peu remplie mêlée d’aléas, elle n’en reste pas moins pleine de probabilités fort encourageantes. Tes frères[2] ont passé par de si rudes assauts déjà que nous ne nous affolons plus. D’ailleurs, cher petit, n’es-tu pas bien complètement entre les mains du bon Dieu ? c’est à lui que nous te confions, certains que tu es bien gardé ; certains aussi que tu fais tout ton devoir, quoi qu’il puisse t’en coûter. Bon courage et sois sûr que nos cœurs sont près de toi, que nos prières t’accompagnent.

Que te dirai-je de la maison ? Michel a un mois de convalo[3] qui commencera Vendredi. Il compte partir très vite pour Guérigny[4] et je suis convaincue que rien ne pourra lui faire plus de bien, surtout si le ciel s’y prête en devenant plus clément.

Ton papa[5] s’est entendu dire ce matin par le Docteur Grenier qu’il lui fallait absolument garder le repos pour soigner sa pauvre jambe atteinte d’eczéma depuis longtemps, mais qui se trouve en assez triste état : à la suite du voyage à Brunehautpré il avait eu déjà une recrudescence de mal et d’enflure et le long piétinement qu’il a fait Samedi pour assister à l’exhibition des tracteurs agricoles à Noisy-le-Grand, plus les 8 kilomètres qu’il a faits à pied ont aggravé l’état de la jambe, c’est à peine s’il peut se chausser maintenant. Il est grand temps qu’il se soigne. Mais tu devines si le séjour sur une chaise longue lui paraît agréable !...

Les oreillons ne se sont pas encore propagés, mais il n’est pas trop tard. AM[6] est encore à l’écart pour 10 jours.

Je t’embrasse tendrement mon cher petit et ton papa aussi.

Emy


Notes

  1. Lettre sur papier deuil.
  2. Jacques, Michel et Pierre Froissart.
  3. Michel Froissart sera en convalescence après son hospitalisation.
  4. Guérigny dans la Nièvre chez les Arène.
  5. Damas Froissart.
  6. Anne Marie Degroote.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Mardi 17 avril 1917. Lettre d’Emilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris) à son fils Louis Froissart (mobilisé) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Mardi_17_avril_1917&oldid=53101 (accédée le 15 novembre 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.