Lundi 5 février 1883
Lettre d’Émilie Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris)
5 Février 83
Ma chère Marie,
J’ai eu une vraie déception ce matin en apprenant qu’oncle et tante[1] n’arrivaient pas ce soir comme je les attendais mais seulement demain. Tu vas dire qu’il n’y a pas de quoi se désoler pour un retard de quelques heures, mais que veux-tu les distractions ne sont pas nombreuses ici, je ne suis pas comme toi entourée par Jeanne et Robert[2] et les journées me paraissent quelquefois un peu longues quand je vois notre pauvre père[3] si fatigué, ne pouvant presque plus s’occuper et que je ne trouve rien pour le distraire ou le consoler.
Mon plus grand bonheur ce sont les chers visiteurs qui nous arrivent de Paris et dont on compte malheureusement les séjours par heures.
Papa a assez bien dormi cette nuit, cependant vers 1h, après avoir pris une tasse de lait il s’est senti assez mal à son aise et en a restitué une partie ; ensuite, il s’est rendormi et son somme qui s’est prolongé jusqu’à midi n’a été interrompu que par la visite du médecin[4]. Il ne prend toujours qu’un peu de lait, encore est-ce en très petite quantité, et on lui donne matin et soir, un lavement qu’on rend le plus nourrissant possible en y mettant de la viande, du bouillon, quelque fois même des œufs ; le médecin trouve que c’est la meilleure manière de le soutenir sans fatiguer son estomac. Depuis qu’il est levé, il a lu son journal puis je lui ai fait la lecture pendant trois heures enfin maintenant il vient de prendre [ ] dont il regarde les images, mais sa pauvre figure est bien tirée.
Depuis le départ de Marcel[5] les journées se ressemblent toutes et sont à peu près pareilles à celle de [Janvier]. Il se [réjouit] toujours beaucoup de te voir et pense savoir que le mieux pour toi serait d’être installée dans le petit salon ou dans ma chambre, tu auras ainsi tout sous la main, ton papa, tes enfants, ta nounou[6]. Tu trouvera ici les deux berceaux complets, il ne manque qu’un oreiller pour Robert (mais je suppose que tu l’apporteras avec toi pour le voyage) et un plumon[7], si tu veux on lui en fera un mais je sais qu’à Paris il n’en a pas. Tu trouveras aussi des taies d’oreiller pour Jeanne et des draps pour les 2 ce sera suffisant ainsi que des petites [ ] pour manger. Tu ferais bien aussi d’apporter des [ ] [veilleuses] car on n’en trouve ici que de détestables. Je pense mettre un 2e lit à la place de ma commode qui passera à la chambre des enfants, et faire descendre pour vous l’armoire de noyer que tu avais cet été. Si tu trouves quelque bonne combinaison dis-la moi afin que tout soit bien prêt pour ton arrivée ; tu me trouves peut-être bien prévoyante mais c’est que je pense sans cesse à ton arrivée, [ ] fait passer le temps plus vite. Adieu sœur chérie, merci de ta bonne lettre reçue ce matin. Je t’embrasse de tout cœur ainsi que Jeanne et le cher petit. Mes amitiés à Marcel.
Que [ ] de te voir [ ].
Émilie
Notes
- ↑ Alphonse Milne-Edwards et son épouse Aglaé Desnoyers.
- ↑ Jeanne et Robert de Fréville, les enfants de Marie Mertzdorff.
- ↑ Charles Mertzdorff.
- ↑ Le docteur Louis Disqué.
- ↑ Marcel de Fréville.
- ↑ Nounou probablement prénommée Marie.
- ↑ Plumon : édredon constitué de plumes de canard et d'oie.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Lundi 5 février 1883. Lettre d’Émilie Mertzdorff (Vieux-Thann) à sa sœur Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_5_f%C3%A9vrier_1883&oldid=40570 (accédée le 8 octobre 2024).
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