Lundi 31 octobre 1881 (B)

De Une correspondance familiale

Lettre de Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)


Fs1881-10-31B pages1-4-Marie.jpg Fs1881-10-31B pages2-3-Marie.jpg


Lundi 4 heures

Mon cher petit Papa,

Quoique je sois à peu près certaine qu’Émilie[1] va t’écrire aussi, j’aime mieux venir directement t’embrasser, te dire combien je pense à toi et combien je te plains de ne pas être encore arrivé ; enfin inutile d’ajouter que nous avons fait bon et excellent voyage. Nous avons eu très et même presque trop chaud grâce aux boules qu’on a changées tout plusieurs fois ; nous avons tous bien dormi et principalement Jeanne[2] qui n’a pas bougé. J’ai fait un parfait dîner dans le wagon ce qui m’a permis de garder ma fille au chaud pendant que toute la bande dînait à Pontarlier et si cela t’intéresse je te dirai que je suis guérie tout à fait. Nous avons trouvé une neige épaisse aux environs de Dijon, ici il n’a pas neigé encore mais il fait extrêmement froid. Nous avons trouvé nos domestiques[3] qui nous attendaient aussi nous avons pu nous réconforter et nous nettoyer en arrivant, nous nous sommes occupés ensuite de défaire nos malles puis avant de déjeuner nous avons été voir notre mère[4] et Louise[5] ; tous vont bien et sont contents de nous revoir. Marcel[6] est en ce moment sorti pour ses affaires, je viens de ranger ma chambre et Jeanne de faire un tour au Luxembourg malgré le froid piquant. Nous croyons que sa 4ème dent est percée. La petite coquine devient timide et a pleuré ce matin en voyant sa bonne-maman. Je me réjouis bien de la montrer à bonne-maman Duméril[7], quand arrive-t-elle ?

Adieu, Père chéri, quelle triste chose d’être réduit à s’écrire, c’était si bon d’être toujours ensemble ! Il me semble qu’il y a un siècle que je t’ai quitté, je voudrais t’embrasser, te dire combien je t’aime, au moins que ce petit papier se charge d’aller te porter toutes les plus vives tendresses de ta fille

Marie


Notes

  1. Émilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  2. Jeanne de Fréville.
  3. Maria et Louis, employés dans le pavillon de la rue Cassette.
  4. Sophie Villermé, veuve d’Ernest de Fréville.
  5. Louise de Fréville, épouse de Roger Charles Maurice Barbier de la Serre.
  6. Marcel de Fréville.
  7. Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.

Notice bibliographique

D’après l’original.

Pour citer cette page

« Lundi 31 octobre 1881 (B). Lettre de Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_31_octobre_1881_(B)&oldid=40548 (accédée le 19 avril 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.