Lundi 30 décembre 1918 (A)

De Une correspondance familiale

Lettre de Damas Froissart (Paris) à son Louis Froissart mobilisé)

original de la lettre 1918-12-30A pages 1-4.jpg original de la lettre 1918-12-30A pages 2-3.jpg


CommandantFroissart
29, Rue de Sèvres, Paris[1]

Paris 30 Décembre 18

Mon cher Louis,

Ton cuisinier arrive pour prendre le fusil et les cartouches : J’espère que tu as déjà tué quelques bêtes, petites ou grosses, qu’il aura à cuisiner quand il arrivera.

J’espère, aussi, que tu coules des jours heureux, et que entre les occupations militaires et la chasse, il te reste quelque temps libre, pour reprendre le contact avec des auteurs (autres que les auteurs de tes jours). Grâce à Dieu, en tous cas, il semble qu’on peut te souhaiter la bonne année avec chance que, si tu as à défendre tes jours cette année, ce sera plutôt contre les microbes que contre les projectiles.

Tu n’es pas exempt pourtant, je crois, de pénétrer plus profondément en Allemagne. Comment traiter avec le gouvernement dans un pays qui le change tous les jours et qui est bien menacé de prendre la même tournure que la Russie : ce qu’on obtiendra d’eux, c’est ce qu’on ira prendre sur place !

J’ai passé 2 jours à Mulhouse à mettre plus en lumière tout ce dont j’avais à convenir avec mon Banquier : Je lui ai dit tout ce que je voudrais voir s’acheminer vers la filiale de la Société Générale à Lausanne « la Société Suisse de Banque et de dépôts ». Il me disait que la frontière était fermée et aussi que le transport par l’un de mes fils en permission offrirait des avantages de sécurité qui pourraient me faire penser à cette solution. Rien d’urgent, je crois : ce qu’il faut c’est que ce soit fait avant que l’Alsace ne redevienne soumise à la législation Française.

Peut-être pourrais-je te joindre pour y aller avec toi le jour où tu serais prêt ? Je soumets cet avant-projet à tes méditations.

C’est peut-être d’ailleurs à Strasbourg qu’on prendrait les colis. Michel[2] t’aura peut-être remplacé alors en Alsace.

Bonnes nouvelles de tous. Nous t’embrassons.

D. Froissart

Ci-joint les 200 F que je n’ai pas pu te donner en toute sécurité l’autre jour : accuse réception s’il te plaît.


Notes

  1. Tampon en en-tête.
  2. Michel Froissart, frère de Louis.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Lundi 30 décembre 1918 (A). Lettre de Damas Froissart (Paris) à son Louis Froissart mobilisé) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_30_d%C3%A9cembre_1918_(A)&oldid=52918 (accédée le 15 novembre 2024).

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