Lundi 26 janvier 1880 (B)

De Une correspondance familiale


Lettre de Jean Dumas (Cannes) à Marie Mertzdorff (Paris). Probablement jointe à la lettre de sa mère

original de la lettre 1880-01-12B pages 1-4.jpg original de la lettre 1880-01-12B pages 2-3.jpg


Ma grande sœur chérie,

tu es bien gentille de ne pas me forcer trop longtemps à essayer de deviner cette grande nouvelle car je crois que tu connais ton petit frère et que tu sais qu’il donne rapidement sa langue aux chats quand il ne trouve pas.

Tu as raison, cela me semble drôle de penser que tu vas te marier, mais cependant cela ne m’étonne pas trop, je ne sais comment cela se fait mais je m’attendais à recevoir un beau jour la nouvelle de ton mariage. Je ne sais pas pourquoi tu me dis qu’il faut que je sois content. Crois-tu donc que je sois assez méchant pour que ton bonheur me fasse de la peine : tu sais bien que non vilaine Marie. Je suis sûr moi aussi que quand je connaîtrai M. de Fréville[1] je l’aimerai.
J’aimerais bien être à Paris et cela m’ennuierait beaucoup si je ne pouvais assister à ton mariage, ma grande sœur chérie. (Pourtant quand j’y pense cela me semble drôle, Marie se marier, assister au mariage de Marie, je n’aurais jamais cru que ce pût être si tôt.) Ce qui ne me semble pas drôle c’est de penser que tu vas nous quitter, qu’on ne te verra plus tous les jours, qu’on ne jouera plus avec toi le mercredi. Tu vas dire ma chère Marie que je suis un taquin, mais, j’espère que tu ne refuseras pas la nourriture à ton mari, comme ce jour où, fatiguée de découper le rôti tu trouvais qu’on en avait bien assez mangé et tu refusais de m’en donner une quatrième tranche.

Il y a huit jours que je suis souffrant, tantôt dans mon lit, tantôt dehors, au mal de tête succède le mal de gorge, au mal de gorge le mal de dents, au mal de dents la fluxion, ce qui est très désagréable et gênant.

Adieu, ou plutôt à revoir ma chère Marie, embrasse bien oncle, tante[2], bon-papa[3] et Émilie[4].
Ton petit frère qui t’embrasse pour tous les jours passés et ceux à venir où il ne le pourra pas.
Jean Dumas
Je ne t’aimerai plus si je ne suis pas ton garçon d’honneur.


Notes

  1. Marie Mertzdorff est fiancée à Marcel de Fréville depuis le 21 janvier.
  2. Alphonse Milne-Edwards et son épouse Aglaé Desnoyers.
  3. Probablement Henri Milne-Edwards
  4. Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Lundi 26 janvier 1880 (B). Lettre de Jean Dumas (Cannes) à Marie Mertzdorff (Paris). Probablement jointe à la lettre de sa mère », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_26_janvier_1880_(B)&oldid=40446 (accédée le 28 mars 2024).

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