Lundi 19 février 1821

De Une correspondance familiale

Lettre d’Alphonsine Delaroche (Paris) à son beau-père François Jean Charles Duméril (Amiens)

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n° 254

Paris 19 février 1821

Mon très cher Papa

Je m’empresse de profiter de l’occasion de M. Dunoyer pour vous témoigner combien j’ai été sensible à la lettre aimable et affectueuse que j’ai reçue de vous dernièrement, et où vous m’exprimez si bien la part que vous avez pris à l’événement douloureux qui m’a privée d’un des plus grands bonheurs, celui d’avoir une mère si tendre, si excellente et si respectable[1]. Nous éprouvons tous une privation cruelle, et nous regrettons vivement de n’être point à portée de goûter de douces consolations dans la société de nos chers et bons parents d’Amiens. Nous aurions senti vivement cette jouissance. Nous en avons une bien réelle, qui est de vous savoir bien portants, vous et notre chère Maman[2] pendant cet hiver si pénible par la durée des froids.

Excepté du rhume dont nous sommes tous atteints les uns après les autres nous sommes assez bien. Vos deux petits-fils[3] vous feraient plaisir à voir par leur bonne mine, et l’air de force qu’ils ont dans leur maintient. Ils sont tous deux d’excellents enfants ; mais Auguste reste toujours un peu impatient et sujet à des mouvements d’humeur, qui heureusement ne sont pas longs ; il ne travaille pas mal et aime l’occupation ; La lecture lui fait passer beaucoup de moments agréables, et il lit assez passablement et d’un ton assez juste pour nous faire la lecture le soir. Constant est contrarié par sa vue qui reste toujours la même ; pourtant il travaille bien et son maître est fort content de lui, ce qui nous donne une bien vive satisfaction ; il est bon et aime beaucoup à s’occuper des autres. Votre fils[4] qui a été longtemps souffrant d’un gros rhume est très bien maintenant quoique très occupé.

Nous sommes bien chagrins de sentir ma sœur Reine[5] un peu souffrante, je désire bien que ce que son frère lui conseille lui fasse quelque bien. Veuillez lui dire, ainsi qu’à mon frère Désarbret[6], mille choses bien affectueuses de ma part ainsi que de celle de leurs neveux. Constant qui ne sait pas trouver le temps d’écrire, m’a chargée de vous présenter ses tendres respects ainsi qu’à sa bonne-maman.

Veuillez mes très chers Parents recevoir les miens, me conserver cette affection à laquelle je mets tant de prix et me croire votre toute dévouée fille

Alphonsine Duméril


Notes

  1. Marie Castanet, veuve de Daniel Delaroche, mère d’Alphonsine, est décédée le 20 janvier 1821 après deux mois de maladie.
  2. Rosalie Duval.
  3. Auguste et Louis Daniel Constant Duméril.
  4. André Marie Constant Duméril.
  5. Reine Duméril, belle-sœur d’Alphonsine.
  6. Joseph Marie Fidèle Duméril, dit Désarbret, beau-frère d’Alphonsine.

Notice bibliographique

D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 3ème volume, p. 184-186)

Annexe

A Monsieur

Monsieur Duméril père

Petite rue St Rémy n° 4

A Amiens

Pour citer cette page

« Lundi 19 février 1821. Lettre d’Alphonsine Delaroche (Paris) à son beau-père François Jean Charles Duméril (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_19_f%C3%A9vrier_1821&oldid=40332 (accédée le 22 décembre 2024).

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