Lundi 18 mars 1861
Lettre de Caroline Duméril, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son père Louis Daniel Constant Duméril (Paris)
18 Mars 1860[1]
Mon cher père
Je te remercie mille fois de ta bonne lettre reçue tout à l'heure. J'étais bien sûre que tu compatissais à toutes nos tribulations qui, grâce à Dieu paraissent toucher à leur fin et après tout nous devons nous estimer bien heureux de n'avoir pas été plus éprouvés comme le sont tant d'autres. Je trouve que tu as bien raison de me faire de la morale par rapport à mes agitations sur Mimi[2] j'en reconnais la justesse mais quand le mal est là, la raison n'a plus le dessus et les inquiétudes reprennent leur empire. Au reste je ne l'ai encore jamais eue aussi souffrante que Jeudi, elle était si abattue, si brûlante avec des mouvements nerveux dans les bras et dans les jambes puis un très violent dérangement de corps, elle faisait sous elle et a bien eu 12 à 15 selles dans la journée. Elle avait mangé du raisin la veille et M. Conraux croit qu'elle est tombée sur une mauvaise grappe qui aura beaucoup contribué à son indisposition. Elle est encore bien grognon et difficile car ses nerfs ont souffert et à cela se joignent les grosses dents ; elle nous donne plus de mal en tous cas que sa petite sœur[3]. Quant à moi je suis dans une nouvelle voie de guérison ; je ne souffre plus quoique j'aie un assez grand trou dans le sein, l'abcès coule toujours et j'en suis bien aise car je crains toujours quelque nouveau bobo et suis bien aise de voir partir tout ce qui veut bien s'en aller. J'ai toujours beaucoup de peine à faire prendre ce sein à la petite, l'odeur des cataplasmes la dégoûte, pourtant j'en viens à bout 2 ou 3 fois dans les 24 heures avec un bout de caoutchouc et cela suffit car heureusement mon lait coule constamment. Maintenant ce que je te dirai et ce que maman[4] s'est bien gardée de te raconter c'est qu'elle aussi a été fort souffrante toute la semaine. Lundi elle a été prise par de très fortes coliques avec beaucoup de dérangement. La nuit elle a eu une forte fièvre et le dévoiement continue toujours sans que maman veuille se soigner le moins du monde, elle n'a pas <pu aller> à l'église le jour du baptême[5] tant les envies d'aller aux lieux la tourmentaient
J'ai consulté <M.> Conraux qui m'a dit que cette indisposition <disparaîtrait> et qu'il ne fallait pas s'en préoccuper. Aujourd'hui le dérangement est presque arrêté (à ce que je crois) mais en revanche maman a une extinction de voix qui a succédé à un mal de gorge. Voilà mes filles qui crient toutes les deux. Je t'embrasse de tout cœur ainsi que les chers parents qui t'entourent. Ta fille Crol
Notes
- ↑ 1860 est écrit par inadvertance au lieu de 1861.
- ↑ Marie Mertzdorff, fille de Caroline, bientôt âgée de deux ans.
- ↑ Emilie Mertzdorff, âgée d’un mois.
- ↑ Félicité Duméril, épouse de Louis Daniel Constant Duméril.
- ↑ Le baptême d’Emilie Mertzdorff.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Pour citer cette page
« Lundi 18 mars 1861. Lettre de Caroline Duméril, épouse de Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) à son père Louis Daniel Constant Duméril (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Lundi_18_mars_1861&oldid=40321 (accédée le 18 décembre 2024).
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