Lundi 12 et mardi 13 septembre 1881
Lettre de Marie Mertzdorff, épouse de Marcel de Fréville (Le Houssay dans l'Orne) à son père Charles Mertzdorff
Le Houssay 12 Septembre 81
Mon cher Papa,
Quel temps, quel temps ! cela me désole quand je pense à vous dans votre pauvre petite maison de carton exposée à tous les vents et je voudrais bien pouvoir vous envoyer un peu de beau soleil ; heureusement il ne fait pas froid et le baromètre fait semblant de vouloir remonter un peu, si cela pouvait changer ! Je trouve qu’il y a longtemps déjà que je ne vous ai vus, je me reproche de n’avoir pas assez joui de notre réunion et cependant elle m’a rendue si heureuse ! merci, merci mille fois d’être venu me voir ainsi, vous êtes tous bien bons.
Nous voilà tout à fait installés au Houssay ; notre voyage s’est très bien passé ; nous avons déjeuné à midi à Mézidon[1] où nous passions 2 heures, puis à Argentan encore nous avons changé de train et enfin nous sommes arrivés ici à 6h ; Jeannette[2] a parfaitement supporté cette journée de voyage. Hier pour la 1ère fois de sa vie nous lui avons fait manger un peu de soupe c’était comme tu [vois] un grand événement et qui n’a pas trop mal réussi, malgré son inexpérience elle a avalé 2 ou 3 petites cuillerées de bouillie ; aujourd’hui la même opération a recommencé et d’elle-même elle ouvrait la bouche en voyant approcher la cuiller mais elle ne sait pas s’y prendre. Cette pauvre petite est privée de sortie tant il fait vilain mais cela ne l’empêche pas d’être sage et le soir au salon elle fait très bonne figure.
Depuis son arrivée ici Marcel[3] aidé de son oncle[4] se livre à la photographie avec la même ardeur qu’à la pêche le nouvel appareil est a mais jusqu’à présent ils n’ont pu rien faire faute de soleil et se consolent en perfectionnant l’installation du laboratoire.
Au moment de notre départ de Villers nous avons reçu un billet de faire-part de la mort de la sœur de Mme Stackler[5], la savais-tu plus malade ?
Je te prie, mon Père chéri, de remercier tante[6] de ma part du petit manteau qu’elle a fait à Jeanne, j’en suis ravie, il lui va à merveille. Dis-lui à cette bonne tante que je l’embrasse de tout mon cœur ; charge-toi aussi de bien embrasser pour moi ma petite Émilie[7] gentille (pourvu qu’elle puisse dessiner un peu) enfin mon cher Papa, garde pour toi les plus tendres baisers de ta fille
Marie
Jeanne vous envoie un joyeux sourire.
Mardi matin. Encore un petit bonjour avant le départ de ma lettre ; je la charge de nouveau de toutes mes amitiés pour vous.
Notes
Notice bibliographique
D’après l’original.