Jeudi 4 février 1796 (B), 15 pluviôse an IV
Lettre d’Auguste Duméril l’aîné (Paris) à sa mère Rosalie Duval (Amiens)
Ma chère mère
Les ports de lettres étant si chers à présent, nous n’avons osé vous écrire depuis quelque temps[1], mais une voie m’est ouverte pour vous faire parvenir de nos nouvelles à peu de frais ; j’en userai de temps en temps. De même que la présente toutes nos lettres vous parviendront à l’avenir sous le cachet de l’agence, vous pourrez aussi nous faire passer les vôtres, sous enveloppe à l’adresse de l’agence générale de l’hôpital militaire, rue Cerutti[2] maison Laborde.
Je n’ai pu ma chère mère, vous envoyer les bas que je vous avais promis pour Geneviève, ainsi que les torchons et paniers que nous avons à vous : Laffilé ne passant pas par Amiens, n’a pu s’en charger : je saisirai la première occasion pour vous les faire tenir.
Duméril[3] vient enfin de terminer une affaire qui, j’espère, lui procurera quelque chose. Chargé par le Citoyen Biston de solliciter auprès du Citoyen Villemain[4], homme fort riche, la vente d’une de ses propriétés située dans la Champagne, il est parvenu à son but et en a fait faire l’acquisition au Citoyen Biston moyennant 20 000ll en numéraire. Je vous prie la-dessus de garder le silence, car il serait possible que le Citoyen Biston qui sollicite actuellement sa radiation du rôle de l’emprunt forcé où il a été porté pour une somme de 6 000ll numéraire ne voulut pas qu’on le sache[5].
Je vous prie de remettre les deux lettres ci-jointes à leur adresse, nous n’avons pu, faute de cire d’espagne noire cacheter celle à mon oncle[6].
Le Citoyen Baron m’a dit dernièrement qu’il était faux qu’il eût donné l’oreiller à la domestique de son frère, et il m’a prié de vous engager à le lui demander quand vous auriez occasion de la voir.
Mes amitiés à toute la famille
Notes
- ↑ Le port est à la charge du destinataire.
- ↑ La rue d'Artois s’appelle rue de Cerutti en 1792 puis, de nouveau, rue d'Artois en 1814, avant de devenir en 1830 la rue Laffitte.
- ↑ Jean Charles Antoine dit Duméril, frère d’André Marie Constant Duméril.
- ↑ Possiblement Ignace Jean Villemain, marchand de soieries et propriétaire d’une terre à Combs-la-Ville (près de Melun), marié à Anne Geneviève Laumier, fille d’un bourgeois de Paris, père d’Abel François, futur homme politique et écrivain.
- ↑ La Convention avait voté un emprunt forcé d’un milliard sur les riches (3 septembre 1793) ; la chute de Robespierre le 9 thermidor (27 juillet 1794) marque la fin du principe de l’impôt progressif.
- ↑ Jean Baptiste Duval.
Notice bibliographique
D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 2ème volume, p. 27-28). Cette lettre est jointe à celle d’André Marie Constant Duméril (document 1796-1). Elles ont été envoyées avec deux autres lettres (disparues).
Annexe
A la citoyenne
Duméril la mère
Pour citer cette page
« Jeudi 4 février 1796 (B), 15 pluviôse an IV. Lettre d’Auguste Duméril l’aîné (Paris) à sa mère Rosalie Duval (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_4_f%C3%A9vrier_1796_(B),_15_pluvi%C3%B4se_an_IV&oldid=40108 (accédée le 21 novembre 2024).
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