Jeudi 3 mai 1917

De Une correspondance familiale

Lettre d’Emilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris) à son fils Louis Froissart (mobilisé)

original de la lettre 1917-05-03 pages 1-4.jpg original de la lettre 1917-05-03 pages 2-3.jpg


3 Mai 17[1]

Mon cher Louis,

Nous savons où tu es, au repos, et nous sommes heureux de te savoir sorti intact de la fournaise où tu fus. Dieu soit béni ! Maintenant tu vas travailler afin de sortir de l’ornière et devenir un « brillant officier ». Je t’ai envoyé beaucoup de bouquins qui vont occuper amplement tes loisirs.

Ici nous continuons à être dans les oreillons jusqu’au cou, et même au-dessus des oreilles. Geneviève[2], Geo[3] et Jacqui[4] sont pris. Geogeo est assez souffrant ayant en plus un peu d’otite (tu sympathises !) et de la fièvre. Il est au lit depuis deux jours. Les deux autres ne sont pas malades et s’amusent ensemble toute la journée. Voilà longtemps déjà que Geo m’a confié cette lettre écrite pour toi. C’est Lucie[5] qui a formé les lettres, Geogeo n’a fait que les repasser ; j’oublie toujours de te l’envoyer.

J’ai été hier voir André Parenty qui va être ordonné sous-diacre le 2 Juin.

Une carte de Michel[6] nous apprend qu’il pense revenir Samedi soir. Nous avons toujours l’intention de partir avec lui le 7 pour Brunehautpré.

As-tu vu dans les gazettes que les Anglais demandent que l’on « perde l’habitude » de donner de l’avoine aux chevaux, ni aucune autre céréales ? Je pense qu’ils perdront plus difficilement l’habitude d’en recevoir que leurs patrons ne perdront celle de leur en donner !

Nous verrons peut-être aussi chez nous pareille chose… déjà on nous exhorte à ne plus manger de viande le soir et à nous passer de pâtisserie 2 fois par semaine. Si j’avais voix au chapitre, je restreindrais bien plus encore la confiserie, la pâtisserie qui consomment beaucoup de sucre. Je restreindrais aussi l’ampleur des jupes et la hauteur des talons !

Ton papa[7] a bien meilleure mine et son pied va bien, mais il reste encore assez fatigué et est toujours au régime végétarien.

Je t’embrasse tendrement, cher enfant, ton papa aussi.

Emy


Notes

  1. Lettre sur papier deuil.
  2. Geneviève Degroote, 4 ans.
  3. Geo, Geogeo : Georges Degroote, 5 ans.
  4. Jacques Damas Froissart, 3 ans.
  5. Lucie Froissart, épouse d’Henri Degroote.
  6. Michel Froissart, frère de Louis, en convalescence à Guérigny chez Louis Arène.
  7. Damas Froissart.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Jeudi 3 mai 1917. Lettre d’Emilie Mertzdorff, épouse de Damas Froissart (Paris) à son fils Louis Froissart (mobilisé) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_3_mai_1917&oldid=53224 (accédée le 21 novembre 2024).

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