Jeudi 27 janvier 1881

De Une correspondance familiale

Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)

original de la lettre 1881-01-27 pages 1-4.jpg original de la lettre 1881-01-27 pages 2-3.jpg


Je m’aperçois, mon cher Papa, que j’ai laissé passer l’heure et que ma lettre ne pourra plus partir aujourd’hui[1], je vais l’écrire cependant me réservant la place de te donner demain les nouvelles fraîches et intéressantes s’il y en a ; puisque j’ai le temps de causer tranquillement avec toi ce soir, j’en profite.

Du reste c’est une lettre purement d’amitié car le seul événement que j’aie à te communiquer, tu le connais mieux que moi puisqu’il arrive de Vieux-Thann, c’est le mariage de Marie Berger dont Émilie[2] m’a fait part hier et dont nous nous doutions un peu du reste. J’ai été bien heureuse en apprenant que c’était une chose décidée et que Marie restait auprès de ses parents[3], et qu’ils étaient tous contents. Je n’ai du reste eu que peu de détails car Émilie n’avait pas avec elle la lettre d’Hélène[4] le lui annonçant. Je pense qu’on va bientôt tâcher de te présenter le fiancé[5] et je compte par toi avoir plus amples renseignements.
Décidément les mariages continuent à marcher bon train tout autour de nous. Ce soir il y a grande réunion de famille chez Mme Target[6] donnée en l’honneur de Jeanne Duval[7], je n’irai pas quoique cela m’ait assez amusée, mais j’espère que Marcel[8] pourra y aller et je le chargerai de tout noter pour me le raconter ; Émilie a la même mission de sorte que je serai bien au courant. Je suis en ce moment tout à fait retirée du monde, mes 2 dîners de famille chaque semaine constituent absolument mes seules sorties du soir et dans la journée je ne fais pas non plus de longues courses.

Hier j’ai fait une visite à Mme Gosset[9] et j’ai même trouvé le quai Voltaire assez loin. Aujourd’hui c’est notre mère[10] qui est venue me voir et qui a bien voulu passer un bon moment avec moi ce qui m’a ravie. Il tombait une sorte de grésil assez glissant et je ne me suis pas risquée dehors. Hier autre bonne visite, tante[11] et Émilie ont passé 2 heures avec moi ! il y a longtemps que cela ne leur était arrivé et elles m’ont rendue bien heureuse. Je te parle tant de moi, mon Père chéri, que j’oublie de te remercier de ta lettre qui nous a fait cependant un bien véritable plaisir, hier Émilie en a pris aussi connaissance. Marcel m’a chargée de te dire qu’il approuvait ce que tu me dis des 2 obligations de M. le Curé[12] ; il croit qu’elles pourront devenir un peu meilleures plus tard et il va les garder ; le dernier n° du journal financier les annonçait à 37,50 F tu auras donc 75 F à donner à M. le Curé, somme que tu pourras déduire ensuite sur ce que tu nous donneras de l’obligation Limbourg [sortie].

Adieu, mon cher Papa, nous t’envoyons nos plus tendres et respectueuses amitiés, et moi par dessus le marché je t’embrasse de toutes mes forces.
ta fille
Marie

Le berceau de bébé vient d’arriver suivi de tous ses accessoires ; juge de ma joie ! Merci, merci mon Père chéri, de tant gâter la maman et le bébé[13] car toutes ces gentilles et bonnes choses me sont données par toi et je t’en suis reconnaissante. Il ne manque plus que le petit Robert au fond et lui aussi ne tardera pas à arriver.


Notes

  1. Lettre non datée, à situer entre le 22 (commande du berceau) et le 29 janvier (annonce du mariage de Marie Berger), probablement le jeudi 27 janvier.
  2. Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  3. Louis Berger et son épouse Joséphine André.
  4. Hélène Berger.
  5. Paul Henri Rich.
  6. Victorine Duvergier de Hauranne, épouse de Paul Louis Target.
  7. Jeanne Duval épouse Charles Gaston Leblond le 21 février 1881.
  8. Marcel de Fréville, époux de Marie Mertzdorff.
  9. Marie Marguerite Morel d’Arleux, épouse de Félix Henri Gosset.
  10. Sophie Villermé, veuve d’Ernest de Fréville.
  11. Aglaé Desnoyers, épouse d’Alphonse Milne-Edwards.
  12. Louis Oesterlé curé de Vieux-Thann.
  13. Jeanne de Fréville (et non Robert) naîtra le 19 mars 1881.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Jeudi 27 janvier 1881. Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Paris) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_27_janvier_1881&oldid=40023 (accédée le 25 avril 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.