Jeudi 27 août 1835
Lettre d’Auguste Duméril (Nantes) à sa mère Alphonsine Delaroche (Paris)
Nantes le 27 Août 1835 Jeudi matin
Tu seras sans doute un peu étonnée, ma chère maman, de recevoir si tôt une lettre datée de Nantes, puisque dans ma dernière lettre, je ne parlais pas de ce voyage comme d’une chose si prochaine, c’est qu’en effet, nous nous sommes décidés tout à coup, après avoir cru même qu’il se ferait plus tard que nous n’avions pensé et que je serai obligé de réclamer une prolongation de permis d’absence. Voici ce qui est arrivé. Le lundi soir, jour où j’écrivis à Félicité[1], nous rencontrâmes l’ingénieur d’Auguste[2], qui lui dit qu’il aurait à aller le 1er à quelques lieues d’Angers pour l’installation des troupes qui doivent travailler aux routes de ce département et que sans doute, il serait nécessaire qu’ils partissent le 30. C’était alors le 24, il fut décidé que nous attendrions que cette petite excursion fut faite pour venir à Nantes, cela me conduisait bien jusqu’au 11 ou 12 Septembre, mais je pensais bien que tu ne trouverais pas de mal à ce que je prolongeasse d’un peu mon séjour, puisque c’était en quelque sorte nécessaire pour que je pusse voir cette grande ville. Mais le 25 à dîner, un ingénieur avec lequel Auguste est lié, nous ayant dit qu’il partait le lendemain pour Nantes, et sachant que nous devions y aller aussi, nous engagea à partir tous ensemble ; nous objections que partant le 26, nous n’avions que le 27 et le 28, et peut-être la fin de la journée du 26 pour visiter la ville, il nous assura que ce temps serait bien suffisant. Nous nous décidâmes donc et partîmes le lendemain matin, c’est-à-dire le mercredi à 7 heures du matin tous les quatre sur le bateau à vapeur d’Angers ici. Notre route s’est faite très heureusement, nous avons parcouru un pays magnifique ; la Loire est encore bien plus belle que sur les points que j’ai parcourus, et on la voit bien mieux qu’en voiture. Je n’ai pas le temps de te parler de ce superbe pays plus au long. Nous sommes arrivés à Nantes à 3 heures ½ et avons déjà vu un peu la ville. Il m’est venu hier tout à coup la pensée, et sans que j’y eusse songé le moins du monde à Angers, que je pourrai fort bien prolonger un peu mon séjour ici et y passer les jours qu’Auguste consacrera à sa petite expédition avec son ingénieur. Nous allons donc passer aujourd’hui et demain ensemble, il repartira samedi matin pour Angers et moi probablement mardi matin, ce qui me donnera le temps de voir Paimbœuf et Clisson ; c’est je crois ce qu’il y a de mieux à faire. Je n’irai probablement voir Gustave et Achille[3] que Samedi, peut-être serai-je obligé de leur demander de l’argent, car ne prévoyant pas un aussi long séjour, nous n’en n’avons emporté peut-être pas assez. Nous sommes ici dans un très bel hôtel. Nous irons ce soir entendre Robert et Mme Damoreau[4].
Adieu ma chère maman, je t’embrasse de tout cœur ainsi que Constant[5] et Félicité. Je ne sais comment j’ai oublié de faire mille amitiés à Mme de Tarlé[6]. Auguste vous envoie les siennes.
Notes
- ↑ Félicité Duméril, cousine et belle-sœur d’Auguste Duméril.
- ↑ L’ingénieur dont dépend Charles Auguste Duméril.
- ↑ Depuis 1832, Gustave et Achille Say gèrent la raffinerie de sucre de Nantes, développée par leur père Louis Say.
- ↑ Laure Cinti-Damoreau dans Robert le Diable, opéra de Meyerbeer.
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril, frère d’Auguste.
- ↑ Suzanne de Carondelet, épouse d’Antoine de Tarlé.
Notice bibliographique
D’après le livre des lettres de Monsieur Auguste Duméril à M. Henri Delaroche (suite), 4ème volume (Voyage à Angers et sur les bords de la Loire, jusqu’à Saint Nazaire, pendant qu’Auguste l’ingénieur était en mission à Angers en 1835), p.1004-1007.
Pour citer cette page
« Jeudi 27 août 1835. Lettre d’Auguste Duméril (Nantes) à sa mère Alphonsine Delaroche (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_27_ao%C3%BBt_1835&oldid=40018 (accédée le 18 décembre 2024).
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