Jeudi 12 juin 1851 (B)

De Une correspondance familiale


Lettre d’Auguste Duméril (Londres) à son épouse Eugénie Duméril et à sa fille Adèle (Paris)


d’André Auguste Duméril.

Londres Jeudi 12 Juin 1851 1 h ¾ .

Nous[1] rentrons à l’hôtel et j’y trouve ta lettre, chère petite bien aimée. Tu me presses, d’une façon si affectueuse, si amicale, et si bonne, de prolonger un peu mon séjour ici, si cela m’est agréable, pour compléter ma visite à Londres, que je me laisse séduire, et me décide à ne partir que samedi, au lieu de demain, ce qui me permettra de visiter Windsor, et peut-être, le parc de Kew, que l’on vante beaucoup, et où est situé le jardin botanique ainsi que Hampton Court, et peut-être aussi, Greenwich. Tu vois que ce serait augmenter de beaucoup la somme de mes jouissances. Mille et mille tendres remerciements donc, cher ange, de tes bonnes paroles de tendre affection. Que je suis triste de savoir que tu as été assez souffrante, pour être obligée de renoncer à aller chez Mme de Gisors et chez Mme Dunoyer. Tu te seras trop fatiguée pour Félicie[2], je le crains bien. Ton bon cœur t’a emporté trop loin. Fais-moi la promesse, je t’en conjure, de te reposer. Cette idée, que tu n’es pas tout à fait bien, m’a fait un peu hésiter, sur la prolongation de mon séjour, mais comme j’aime à espérer qu’ainsi qu’à l’ordinaire, cela n’aura pas de durée, je me fie à cet espoir, et voudrais de faire du bien, par mes caresses.

En ne partant que samedi, comme le bateau quitte Southampton à minuit, je pourrai ne prendre que le convoi de 5 heures, ce qui me fait, comme tu le vois, 28 heures de plus, ce qui est beaucoup, dans un séjour de 9 journées. Merci donc encore une fois, chère bien aimée.

Je quitterai le Havre, par le convoi de 11 heures, et arriverai, par conséquent, Dimanche, à la maison, pour l’heure du dîner, et je pense avec bonheur à ce moment. Soigne-toi bien, je t’en prie.

Dis, je te prie, à chacun, que je suis sensible aux amitiés dont tu es chargée pour moi.

Je t’embrasse avec tendresse, en te suppliant de te bien soigner : tu ne saurais me faire de plus grand plaisir.

A Aug. Duméril.

Ma chère petite Adèle,

Je te remercie beaucoup de ta lettre, et t’engage bien à conseiller à ta cousine Félicie, et surtout à Caroline[3], de ne pas oublier ma leçon, pour la carafe. J’espère que tu ne te feras plus traîner par Thérèse[4], comme tu l’as fait l’autre soir, ni par ta maman[5], à qui tu sais bien que cela fait mal. Tu es bien assez grande maintenant, pour le comprendre.

Embrasse pour moi Caroline, et présente mes respects à Mlle Finette[6].

Je t’embrasse de tout mon cœur.

Ton petit père

A Aug. Duméril.

Si nous allons demain à la campagne, je ne pourrai, bien probablement pas t’écrire. Il est bien entendu que tu ne m’écriras plus.


Notes

  1. Auguste Duméril voyage avec son cousin Henri Delaroche, négociant au Havre.
  2. Félicie Berchère est une petite nièce d’André Marie Constant Duméril. Elle passe deux mois à Paris avant de se marier, le 12 juillet, avec le sculpteur Charles Cordier.
  3. Caroline Duméril, nièce d’Auguste, née en 1836.
  4. Thérèse est bonne chez les Duméril.
  5. Eugénie Duméril.
  6. La chatte Finette.

Notice bibliographique

D’après le livre de copies : Lettres de Monsieur Auguste Duméril, 2ème volume, « Voyage à Londres, juin 1851 », p. 573-576

Pour citer cette page

« Jeudi 12 juin 1851 (B). Lettre d’Auguste Duméril (Londres) à son épouse Eugénie Duméril et à sa fille Adèle (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_12_juin_1851_(B)&oldid=57699 (accédée le 18 décembre 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.