Jeudi 12 août 1880

De Une correspondance familiale


Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Villers-sur-mer) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann), avec un ajout en allemand de Marcel de Fréville


original de la lettre 1880-08-12 pages 1-4.jpg original de la lettre 1880-08-12 pages 2-3.jpg


Villers 12 Août 1880.

Mon cher Papa,

Voilà deux jours que je me propose de t’écrire ; hier c’était tout à fait décidé et puis j’ai mal combiné ma matinée et comme à une heure nous sommes partis pour aller près de Trouville chez Mme de la Serre[1] j’ai dû remettre à aujourd’hui la lettre à mon cher Papa.
Hier soir en rentrant j’ai trouvé une lettre désolée de la pauvre petite Émilie[2] qui m’annonce que tu as décidément renoncé à aller à Zermatt[3] ! Elle me dit qu’il y aura plus de 2 mois qu’elle ne t’a vu et semble très consternée. Vraiment ce pauvre oncle Léon[4] a bien mal choisi son moment de vacances, il aurait bien mieux valu qu’il pût s’absenter en Juillet ou en Septembre. J’espère au moins que tu seras le 24 à Villeneuve[5] et que nous t’y trouverons le 25 au matin en arrivant ; nous ne pourrions pas en prendre notre partie s’il en était autrement. Quel bonheur de te revoir, mon Père chéri ! Je t’assure que je pense avec bien de la joie à la bonne réunion qui nous attend dans une quinzaine de jours.

Quoiqu’il y ait plusieurs jours que je ne t’aie écrit je ne vois cependant rien de particulièrement intéressant à te raconter ; demain nous devons aller à Bourguignolles [6] pour déjeuner ; nous partirons d’ici par la diligence de 7h et nous serons à 9h à Lisieux puis nous reviendrons pour le dîner.
Lundi prochain nous attendons l’oncle et la tante Villermé[7] qui doivent venir passer trois jours avec nous. Notre oncle est parrain du petit enfant de Louise[8] et ce sera Mardi qu’aura lieu la cérémonie du baptême ; nous irons tous pour ce jour-là à Touques. Comme je te le disais nous avons eu hier le plaisir de voir toute la petite famille au complet[9] : René fait mon admiration car il a absolument changé depuis trois semaines, il est maintenant frais et rose et sa petite figure grossit et commence à avoir de l’expression il fait vraiment honneur à sa maman qui elle aussi se porte à merveille. Nous avons passé trois bonnes heures ensemble dans le jardin par un temps délicieux ainsi suis-je revenue fort contente, c’est une course facile à faire, nous n’avons mis qu’une heure en voiture. Adieu, Père chéri, je t’embrasse de toutes mes forces et j’ai presque envie de te dire : à bientôt ! Je me réjouis bien d’aller à Vieux-Thann et je fais déjà toutes sortes de projets pour ce moment-là. Pourvu que nous n’ayons pas trop de dîners dehors ; nous serons si bien tous ensemble. Pauvre Père je te conseille de bien fermer tes armoires car je fais déjà des projets de pillage. Tu ne devinerais jamais ce que je compte te prendre ! Adieu, je t’embrasse encore beaucoup.

ta fille qui se porte très très bien et qui est bien heureuse,
Marie

Pardon de t’écrire sur si petit papier ; je t’en te supplie de ne pas suivre mon exemple, mais j’ai tant écrit que j’ai consommé toute ma provision du grand format.

Liebest Père ! ich bin glücklich dass [10]


Notes

  1. Louise de Fréville, épouse de Roger Charles Maurice Barbier de la Serre.
  2. Emilie Mertzdorff, sœur de Marie.
  3. Zermatt en Suisse, dans le canton du Valais.
  4. Léon Duméril.
  5. Villeneuve en Suisse, dans le canton de Vaud.
  6. Bourguignolles, propriété normande de Paul Louis Target.
  7. Louis Villermé et son épouse Antonie du Moulin de La Fontenelle.
  8. René Barbier de la Serre, fils de Louise de Fréville-Barbier de la Serre.
  9. Louise de Fréville, son époux Roger Charles Maurice Barbier de la Serre et leurs quatre fils : Louis et Etienne, Maurice et René.
  10. Quelques lignes en allemand ajoutées par Marcel de Fréville.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Jeudi 12 août 1880. Lettre de Marie Mertzdorff (épouse de Marcel de Fréville) (Villers-sur-mer) à son père Charles Mertzdorff (Vieux-Thann), avec un ajout en allemand de Marcel de Fréville », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_12_ao%C3%BBt_1880&oldid=59316 (accédée le 15 octobre 2024).

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