Jeudi 11 janvier 1860
Lettre de Caroline Duméril (Vieux-Thann) à son mari Charles Mertzdorff (Paris)
11 Janvier 1859[1]
Mon cher petit Charles
Dans l'espérance que tu seras de retour à Paris Jeudi soir je t'écris aujourd'hui afin qu'en arrivant tu aies des nouvelles de nous tous. Ces nouvelles sont excellentes, Chéri, Mimi[2] va à merveille, je crois bien qu'elle a percé sa sixième dent mais la coquine ne veut pas me permettre de m'en assurer ; elle a le corps très libre depuis ton départ et a fait 4 fois hier mais avec des résultats très satisfaisants de sorte que je suis très contente. La nuit dernière elle a été un peu agitée mais cette nuit elle s'est rattrapée et n'a jugé le jour levé qu'à huit heures 1/4. Je crois que la chère petite s'aperçoit de ton absence, et lorsqu'on lui dit : où est papa elle cherche de tous côtés en tendant sa petite main pour te prendre. Quel bonheur quand tu seras de nouveau au milieu de nous et que nous te tiendrons, Mimi et moi faisons des projets de te dévorer. Comme il semble qu'il y a déjà longtemps que tu es parti mon petit bien aimé, quel vide, quand tu n'y es pas, la journée où on va et vient passe encore mais quand arrive le soir comme c'est triste, quel bonheur de te revoir et surtout de t'embrasser, vrai Chéri, c'est dans un cas comme celui-là qu'on sent si on aime.
Figure-toi, qu'hier, pour de bon, nous avons eu les Henriet, tous les cinq[3] et toute l'après-midi, ils ont été très aimables, j'avais fait un petit goûter et tout a bien réussi, Mimi était bien occupée de tout ce monde je craignais même qu'elle n'en fût agitée aussi l'ai-je envoyée également faire une bonne promenade au jardin. Je crois qu'elle n'a jamais été plus fraîche et plus rose que depuis deux jours. Je viens de recevoir une bonne lettre de Papa[4] qui me fait bien plaisir puisqu'elle m'apprend que ton voyage s'est bien fait et que tu étais en bonne santé, je prie bien le bon Dieu mon petit Charles, pour que ce voyage se passe bien et que tu reviennes bien vite là où on t'aime tant. Aujourd'hui tu es à Rouen, pourvu que tu puisses finir demain, je ne pense qu'à Dimanche parce que j'espère bien te revoir. Rien de particulier à la fabrique, l'oncle[5] t'écrira demain, nos mères[6] et l'oncle me chargent pour toi de leurs meilleures amitiés.
La nuit je n'ai pas peur, Léon[7] et maman couchent à côté de moi comme c'était convenu ; pourvu que le beau temps continue pendant tes pérégrinations, ce matin il y a un peu de brouillards. Mes coliques sont un peu revenues hier soir, comme j'avais été bien pendant deux jours je ne me suis pas ménagée pour les aliments et peut-être ai-je eu tort je vais aller plus prudemment.
Adieu, mon bon petit Charles bien aimé, il faut te quitter pour que ma lettre parte mais c'est triste, tu penses à moi n'est-ce pas ami, oh va j'en suis sûre ; mais je suis en mal de toi, vois-tu, enfin je veux être raisonnable et je l'ai été jusqu'à présent, n'est-ce pas, tu es content de moi. Ne montre pas ma lettre. Je t'embrasse mille et mille fois
Notes
- ↑ Caroline note 1859 au lieu de 1860.
- ↑ Fille de Caroline et de Charles, Marie Mertzdorff est née le 15 avril 1859.
- ↑ Louis Alexandre Henriet, son épouse Célestine Billig et leurs filles Marie, Gabrielle et « Jeanne ».
- ↑ Louis Daniel Constant Duméril.
- ↑ Georges Heuchel.
- ↑ Félicité Duméril, mère de Caroline et Marie Anne Heuchel, sa belle-mère.
- ↑ Léon Duméril, frère de Caroline.
Notice bibliographique
D’après l’original.
Annexe
Monsieur Charles Mertzdorff.
Pour citer cette page
« Jeudi 11 janvier 1860. Lettre de Caroline Duméril (Vieux-Thann) à son mari Charles Mertzdorff (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_11_janvier_1860&oldid=57021 (accédée le 18 décembre 2024).
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