Jeudi 11 février 1915

De Une correspondance familiale

Lettre de Guy de Place (Besançon) à Jacques Meng (Fellering)

original de la lettre 1915-02-11 pages 1-4.jpg original de la lettre 1915-02-11 pages 5-6.jpg


Reçu le 16.2.15 à Fellering[1]
Envoyé à M. Zw[2] par Mura le 17/2
Répondu le 3 Mars

Besançon[3]
le 11 février

Mon cher Monsieur Meng

Je vous remercie de votre lettre. Je vois avec regret que vous n'avez pas plus reçu mes lettres précédentes que M. Zwingelstein ne semble avoir en mains celles que je lui ai adressées à plusieurs reprises, pour vous dire à tous deux que la mobilisation et l'État de guerre ne m'enlèvent pas la qualité de gérant de la fabrique et que pendant l'occupation française surtout j'avais à cœur plus que jamais d'être tenu au courant au jour le jour. Il y a une dizaine de jours encore

[4]

divers Bâtiments à ce jour on [une] évaluation très approximative des dégâts (y joindre le plan schématique de la fabrique, celui qui sert aux assurances) (à ce propos il me semble qu'on a fait certaine évaluation bien bas. Des draps brûlés chez moi auraient été évalués 10 F alors qu'ils en ont coûté 60)

2° état financier. Que vous reste-il d'argent. Quel est notre découvert en banque ; sur quel crédit comptez-vous encore, quelles sont vos dépenses par mois

3° un renseignement personnel. Que reste-t-il à ce jour de ma maison exactement. Qu'a-t-on pu mettre à l'abri, qu'est-ce qui est détruit.

à ce propos veuillez dire à M. ZW et prenez note confidentiellement que

a) le coffre fort de mon cabinet de toilette est plein d'argenterie et de Bijoux. Si la maison est complètement démolie il faut tâcher de sauver ce coffre.

b) il y a dans l'armoire à glace de ma chambre un tiroir (à gauche en regardant l'armoire) et à mi-hauteur, un tiroir où il y a des bijoux auxquels je tiens beaucoup. Si l'armoire à glace n'est pas encore brûlée, et si ce n'est pas à l'abri, il faut l'ouvrir, (la forcer) et me mettre le tiroir à l'abri chez M. Van Caulaert.

Si c'est déjà brûlé, voir dans les cendres si on ne retrouve ni bijoux ni diamants.

Je compte sur vous pour me faire tout cela le plus tôt possible.

Tâchez d Merci encore de votre lettre, écrivez-moi plus souvent. Je suis heureux de savoir que tous les vôtres vont bien. Vous n'ignorez pas que M. Robert de Fréville a été tué en août et que M. André Duméril est disparu depuis Septembre.

Mes amitiés autour de vous, bon courage, des jours meilleurs viendront, bien cordialement à vous

GP


Notes

  1. Fellering, commune du canton de Saint-Amarin, arrondissement de Thann.
  2. Charles Zwingelstein.
  3. Lettre sur papier deuil.
  4. Feuillet manquant.

Notice bibliographique

D’après l’original

Pour citer cette page

« Jeudi 11 février 1915. Lettre de Guy de Place (Besançon) à Jacques Meng (Fellering) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jeudi_11_f%C3%A9vrier_1915&oldid=39784 (accédée le 28 mars 2024).

D'autres formats de citation sont disponibles sur la page page dédiée.