Jacotot, Joseph (1770-1840) et ses fils

De Une correspondance familiale

Le jeune Auguste Duméril fait allusion à la méthode Jacotot dans une lettre : « voilà, j’espère, du Jacotot tout pur, c’est-à-dire du Télémaque », écrit-il à son cousin Henri Delaroche (21 septembre 1830).

Joseph Jacotot, d’une famille de onze enfants, est avocat à Dijon (1789), puis professeur à l’école centrale de Dijon ; il enseigne le latin, les mathématiques et le droit. Secrétaire du ministre de la guerre, puis sous-directeur de l’École Polytechnique sous l’Empire, il se retire en Belgique au retour des Bourbons. Il enseigne la littérature française et met au point une méthode pédagogique dite « Enseignement universel » qui repose sur l’étude d’une édition bilingue du Télémaque de Fénelon. Il étend sa méthode d’enseignement à tous les domaines de la connaissance, se proposant d’« émanciper les intelligences », tout enfant, selon lui, étant capable de s’instruire seul et sans maître, à condition que l’on dirige et soutienne son attention. Jacques Rancière, dans Le Maître ignorant. Cinq leçons sur l’émancipation intellectuelle (1987), analyse cette méthode. La méthode Jacotot, qui remet en cause la conception dominante de la hiérarchie intellectuelle, donne lieu à de vives polémiques lors de sa publication. Joseph Jacotot rentre en France (à Valenciennes) en 1830, avant de s’établir à Paris en 1836.

Les fils de Joseph Jacotot, F. et Henri Victor, diffusent la méthode de leur père en publiant : Enseignement universel. Télémaque, français-anglais, pour servir à l'étude de la langue anglaise d'après la méthode Jacotot ; Enseignement universel. Télémaque, français-italien, pour servir à l'étude de la langue italienne ; Manuel de la méthode Jacotot (enseignement universel). Extraits textuels des oeuvres de J. Jacotot, comprenant l'étude de la lecture, l'écriture, des langues ; Manuel de l'émancipation intellectuelle, extrait des écrits du fondateur. F. Jacotot publie Épitome de mathématiques à l'usage des élèves de l'enseignement universel (1829, plusieurs fois réédité ensuite) et Langue de la rhétorique, à l'usage des élèves de l'enseignement universel (1830).

Une demoiselle Marie Jacotot donne des leçons de piano à la jeune Adèle Duméril en 1852, et l’année suivante celle-ci reçoit l’enseignement de « M. Jacotot ».

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Joseph Jacotot (Dijon, 1770-Paris, 1840), épouse en 1794, à Paris, Marie Catherine Josèphe Désirée de Facqz (née en Belgique). Le couple a deux fils :

  1. Fortuné Jacotot (né en 1795 à Paris), avocat
  2. Henri Victor Jacotot (1798-Paris, 1862), médecin. Il épouse Marie Louise Charlotte Josèphe Bauchau. Ils ont au moins une fille, Émilie Désirée Jacotot, née en 1831 à Paris.

Achille Guillard (Biographie de J. Jacotot , 1860) signale que Joseph Jacotot «  sert de père à sa jeune sœur ».


Pour citer cette page

« Jacotot, Joseph (1770-1840) et ses fils », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), URI: https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Jacotot,_Joseph_(1770-1840)_et_ses_fils&oldid=57825 (accédée le 24 avril 2024).

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