Dimanche 13 septembre 1846 (A)

De Une correspondance familiale

Lettre d’Auguste Duméril (Alost en Belgique) à sa mère Alphonsine Delaroche (Paris)


d’André Auguste Duméril.

Alost dimanche 13 Septembre 1846.

Voici, ma chère maman, une lettre qui va vous surprendre, mais qui ne doit pas vous causer d’inquiétude. Elle a pour but de vous annoncer le retour d’Eugénie et d’Adèle[1], à Paris, demain lundi soir. Notre chère petite n’est pas aussi bien portante que nous le voudrions : elle n’a plus de fièvre, en quelque sorte, mais, depuis hier samedi, à 2 heures de l’après-midi, jusqu’à tout à l’heure, 11 heures, elle a eu à des intervalles assez réguliers, quatre selles, contenant des glaires et un peu de sang. Il y a donc un peu d’irritation d’entrailles, causée par sa dent. Je crois bien que cela ne sera rien : nous la tenons à la diète : on va lui mettre, sur le ventre, un cataplasme laudanisé[2], mais comme cet état peut ne pas céder, d’ici à 2 ou 3 jours, peut-être, Eugénie éprouve le plus vif désir de se retrouver au milieu de ses habitudes, et entourée des siens, et surtout à même de recevoir les soins de papa[3], au cas où cette indisposition deviendrait plus grave. Je sens parfaitement qu’il lui serait impossible de se résoudre à quitter sa fille : je crois donc plus sage d’obtempérer à ce désir.

Quant à moi, elle désire beaucoup que je mette à exécution mon projet de voyage sur le Rhin. Je n’ai encore rien décidé, et cela dépendra de l’état dans lequel sera Adèle demain matin, mais, dans tous les cas, j’accompagnerai mon bien jusqu’au-delà de la frontière. Le convoi que nous prendrons est celui qui part de Gand demain à 9 heures 25 du matin : avec ce renseignement, il sera facile de savoir à la gare de Paris à quelle heure il arrivera, et je serai bien reconnaissant, à papa ou à Constant[4], de vouloir bien se trouver au débarcadère, pour recevoir Eugénie et sa fille, pour le cas où elles seraient sans moi. Je vous le répète, ne vous tourmentez pas : je vous dis ce qu’il en est, sans rien déguiser, et ce retour est une mesure de prudence, que vos cœurs de grands-parents comprendront parfaitement. Je t’écris à la hâte, ma chère et bonne maman ; mille tendres amitiés à tous.

A Aug Duméril.


Notes

  1. Eugénie Duméril, épouse d’Auguste ; Adèle, leur fille, née en 1844.
  2. Le laudanum est un médicament liquide à base d’opium.
  3. André Marie Constant Duméril.
  4. Louis Daniel Constant Duméril, frère d’Auguste.

Notice bibliographique

D’après le livre de copies : Lettres de Monsieur Auguste Duméril, 2ème volume, « Voyage à Lille, à l’époque du mariage d’Eléonore, et en Belgique. Détails sur la dysenterie d’Adèle. 1846 », p. 445-447

Pour citer cette page

« Dimanche 13 septembre 1846 (A). Lettre d’Auguste Duméril (Alost en Belgique) à sa mère Alphonsine Delaroche (Paris) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Dimanche_13_septembre_1846_(A)&oldid=39344 (accédée le 18 décembre 2024).

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