Voir la source de Jeudi 22 et vendredi 23 juin 1871


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__NOTOC__
<span class="letter-subtitle">Lettre d’Eugénie Desnoyers (Montmorency) à son époux Charles Mertzdorff (Vieux-Thann)</span>

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[[Montmorency|Montmorency]]<sup><ref>Lettre sur papier deuil.</ref></sup>

Jeudi 22 Juin 7 <sup>h</sup> ½

Vendredi 23  1 <sup>h.</sup>

Mon cher Charles,

A mon arrivée à [[Montmorency|Montm]][[Montmorency|orency]], hier soir, ma première pensée a été de t'écrire, mais la faim et le sommeil l'ont emporté ! oh honte, le triomphe de la bête sur l'autre ! enfin, je vais tâcher de réparer cette faiblesse avant l'heure de la poste.

La lettre d'oncle Georges<sup><ref>Georges [[Heuchel, Georges (1804-1890) et sa famille|Heuchel]], époux d’Elisabeth [[Schirmer, Elisabeth (1806-1884), épouse de Georges Heuchel, et sa famille|Schirmer]].</ref></sup> du 20 m'est arrivée hier, elle m'a fait bien plaisir en me donnant de ses nouvelles et de celles de la tante, et en nous parlant de notre [[Vieux-Thann et Thann (Haut-Rhin)|Vieux-Thann]] (comme il dit où il fait si bon de vivre.) mais j'ajouterai : en famille, lorsqu'on y est tous réuni. Je crains que tu te fatigues trop en notre absence, profitant de <u>ta</u> <u>liberté</u>, pour faire des excès de travail, mais de temps en temps notre souvenir te reviendra et te sera un bon conseiller.

La pluie et l'orage continuent à s'établir comme si le mois de Juin devait leur appartenir tout entier ; Comment allez-vous faire avec tous les foins à couper et sécher. Les potagers par contre profitent, ici les légumes continuent à être très abondants sans que les jardiniers aient besoin d'arroser, je pense qu'il en est de même à la maison et que vous avez l'embarras des richesses potagères ! Même embarras du côté des pièces à blanchir mais plus réels et plus profitables.

Je t'ai quitté hier au moment d'aller avec maman<sup><ref>Jeanne [[Target, Jeanne (1805-1882) et ses proches|Target]], épouse de Jules [[Desnoyers, Jules (1800-1887) et ses descendants|Desnoyers]].</ref></sup> chercher dans les livres de Julien<sup><ref>Julien [[Desnoyers, Jules (1800-1887) et ses descendants|Desnoyers]] (tué au [[Le fort d’Issy et les combats de 1870-1871|fort d’Issy]] en janvier 1871).</ref></sup> ce qui pouvait convenir à l'Instruction de nos fillettes<sup><ref>Marie et Emilie [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]].</ref></sup>. Nous avons trouvé les liasses étiquetées de sa main et j'ai mis de côté bon nombre d'atlas que déjà le cher Ami avait préparé avec des cahiers pour apporter à [[Vieux-Thann et Thann (Haut-Rhin)|Vieux-Thann]]. Maman est contente que je me serve de tout ce qui peut m'être utile ; et cette bonne mère est bien courageuse ; ces jours-ci je la trouve mieux ; notre présence redonne de la vie dans la maison, et malgré sa course d'hier à Paris elle n'est pas trop fatiguée.

Nos petites filles vont <u>très bien</u> et ont très bonnes mines, elles sont heureuses à [[Montmorency|Montmorency]], qu'elles trouvent bien plus joli que Paris, mais [[Vieux-Thann et Thann (Haut-Rhin)|Vieux-Thann]] encore le superlatif ! C'est hier soir en descendant du ch<sup>emin</sup> de fer qu'on m'a fait cette déclaration, à laquelle j'ai donné mon assentiment.

Toujours même pénurie de voiture dans la capitale brûlée, aussi perd-on son temps d'une façon désolante ; hier après avoir fait visite à M<sup>me</sup> [[Milne-Edwards, Alphonse (1835-1900), son père Henri, leurs proches et descendants|Trézel]]<sup><ref>Auguste Maxence Lemire, veuve de Camille Alphonse [[Milne-Edwards, Alphonse (1835-1900), son père Henri, leurs proches et descendants|Trézel]].</ref></sup> nous avons pris à 5 l'omnibus du [[Muséum, Jardin des Plantes, Jardin du roi, Cabinet d’Histoire naturelle du roi|Jardin]], mais arrivées à la Tour S<sup>t</sup> Jacques impossible de trouver place, et après 20 minutes d'attente je me suis décidée à gagner à pied le ch<sup>emin</sup> de fer du Nord avec mes 2 fillettes, laissant Maman et [[Besançon, Cécile (née vers 1830)|Cécile]]<sup><ref>[[Besançon, Cécile (née vers 1830)|Cécile]], bonne des petites [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]].</ref></sup> attendre l'omnibus. Notre course s'est très bien faite, et nous sommes arrivées à [[Montmorency|Montmorency]] les premières. Nos chéries étaient enchantées de ce petit voyage à nous 3. J'ai rencontré M<sup>me</sup> [[Dollfus, Frédéric (1803-1856) et sa famille|Dollfus]]<sup><ref>Noémie [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Martin]], veuve de Frédéric [[Dollfus, Frédéric (1803-1856) et sa famille|Dollfus]].</ref></sup> qui a été bien aimable, je pense, tout à l'heure, en portant ma lettre à la poste aller la voir avec les fillettes. Marie travaille à ses petits ouvrages, Emilie écrit à Hélène<sup><ref>Hélène [[Berger, Louis (1829-1898)|Berger]].</ref></sup> et maman est occupée avec ses ouvriers

Papa<sup><ref>Jules [[Desnoyers, Jules (1800-1887) et ses descendants|Desnoyers]].</ref></sup> est resté à Paris. Demain Aglaé Alfph<sup>onse</sup><sup><ref>Aglaé [[Desnoyers, Jules (1800-1887) et ses descendants|Desnoyers]] et son époux Alphonse [[Milne-Edwards, Alphonse (1835-1900), son père Henri, leurs proches et descendants|Milne-Edwards]].</ref></sup> viendront ; et M. [[Milne-Edwards, Alphonse (1835-1900), son père Henri, leurs proches et descendants|Edwards]]<sup><ref>Henri [[Milne-Edwards, Alphonse (1835-1900), son père Henri, leurs proches et descendants|Milne-Edwards]].</ref></sup> Dimanche. La salle à manger s'arrange, François<sup><ref>François, domestique chez les [[Desnoyers, Jules (1800-1887) et ses descendants|Desnoyers]].</ref></sup> a fait le bois pendant nos 2 jours de Paris et Alph<sup>onse</sup> nous a bien recommandé de préparer les bordures et papier, p<sup>our</sup> qu'il puisse coller<sup><ref>La famille [[Desnoyers, Jules (1800-1887) et ses descendants|Desnoyers]] restaure la maison de [[Montmorency|Montmorency]] après l’occupation des Prussiens.</ref></sup>.

J'ai cherché à revoir M<sup>me</sup> [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]]<sup><ref>Eugénie [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]], veuve d’Auguste [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]].</ref></sup>, mais je ne l'ai pas rencontrée, tu pourras dire à bonne-Maman<sup><ref>Félicité [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]], épouse de Louis Daniel Constant [[Duméril, François Jean Charles (1733-1823) et ses descendants|Duméril]], à [[Les propriétés et entreprises de Charles Mertzdorff et de ses successeurs|Morschwiller]].</ref></sup> qu'elle doit encore passer qu<sup>elques</sup> jours à Paris, m'a dit M. Defonte l'emballeur.

Edgar<sup><ref>Edgar [[Zaepffel, Edgar (1823-1911) et sa famille|Zaepffel]], époux d’Emilie [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]].</ref></sup> doit être à Paris je ne l'ai pas rencontré, c'eut été hasard !

Adieu, mon cher Ami, j'espère une lettre de toi, et en attendant je t'embrasse de tout cœur pour le trio qui est tien.

Toute à toi

Eug<sup>énie</sup> M.

Maman ne cesse de dire comme il est bon ce Charles de vous laisser un peu avec moi, et comme malgré mon malheur, je dois encore remercier Dieu de vous avoir donné de si bons maris qui sont mes enfants<sup><ref>Charles [[Mertzdorff, Charles (1818-1883) et sa famille|Mertzdorff]] et Alphonse [[Milne-Edwards, Alphonse (1835-1900), son père Henri, leurs proches et descendants|Milne-Edwards]], époux de ses filles Eugénie et Aglaé [[Desnoyers, Jules (1800-1887) et ses descendants|Desnoyers]].</ref></sup>.

Pourrait-on réclamer la balle envoyée le 12 gr<sup>ande</sup> vitesse rue [[Cuvier, Georges (1769-1832), son épouse Anne Marie Coquet de Trazail, son frère Frédéric Cuvier|Cuvier]] 57. Elle n'était pas encore arrivée hier.
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==Notes==
<references />
==Notice bibliographique==
D’après l’original
{{Lettre 
      |id=1871-038 
      |sous-titre=Lettre d’Eugénie Desnoyers (Montmorency) à son époux Charles Mertzdorff (Vieux-Thann) 
      |signataires=Desnoyers (Eugénie – épouse Mertzdorff) 
      |destinataires=Mertzdorff (Charles) 
      |date de rédaction=23 juin 1871 
      |personnes citées=Duméril (Félicité – épouse Duméril);Desnoyers (Julien);Desnoyers (Jules);Target (Jeanne – épouse Desnoyers);Milne-Edwards (Alphonse);Desnoyers (Aglaé – épouse Milne-Edwards);Heuchel (Georges);Mertzdorff (Marie – épouse de Fréville);Mertzdorff (Emilie – épouse Froissart);Zaepffel (Edgar);Schirmer (Elisabeth – épouse Heuchel);Martin (Noémie – épouse Dollfus);Milne-Edwards (Henri);Besançon (Cécile);? (François), domestique chez les Desnoyers;Berger (Hélène – épouse Poinsot);Duméril (Eugénie – épouse Duméril);Defonte (M.);Lemire (Auguste Maxence – épouse Trézel) 
      |lieux cités=Montmorency;Vieux-Thann 
      }}