Vendredi 19 octobre 1798, 28 vendémiaire an VII

De Une correspondance familiale

Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à sa mère Rosalie Duval (Amiens)

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n°109

Paris le 28 Vendémiaire an VII

Maman,

J’ai reçu hier une lettre d’Auguste[1] datée de Lyon et du 20, il me rend compte de son voyage, je vais vous en donner l’extrait. Il était parti le 13, le premier jour il a fait 25 lieues dans des voitures bien suspendues, ensuite on les a mis dans des pataches. Ce sont des petites voitures non couvertes et non suspendues, qui ne contiennent que quatre personnes et qui sont traînées par un seul cheval. il dit avoir beaucoup souffert de la position gênante qu’il a été obligé d’y garder. ils ont fait ainsi 72 lieues en quatre jours. arrivés à Roanne ils n’ont trouvé ni Voiture ni chevaux et ils ont été obligés d’y rester 36 heures. ils ont fait là constater leur séjour forcé par le juge de Paix. A Tarare, même désagrément même démarches près du commissaire du Directoire exécutif qui lui a remis un réquisitoire au commandant de la gendarmerie, lequel força le conducteur à partir à 10 heures du soir, enfin ils sont arrivés le 19 à Lyon, vers dix heures du soir. Il a dû en partir le 21 à midi pour Milan[2], ils ont passé un marché avec un entrepreneur de Voiture qui se charge de leur conduite et de leur Nourriture, Moyennant 5 louis ½. il parait avoir beaucoup joui du spectacle de la Nature pendant son voyage. la chaîne des montagnes des environs de Lyon l’ont surtout beaucoup frappé. il est vrai qu’il n’y a point de spectacle plus majestueux que celui-là quand on en a pas encore été témoin. Je l’ai éprouvé bien Vivement dans mes Voyages à Fontainebleau. Il me parle de la largeur et du cours de la Loire, de la Saône et du Rhône. il m’écrira à son arrivée à Milan.

Je n’ai point encore reçu des nouvelles de Montfleury[3], il y a cependant un mois, moins huit jours, qu’il est parti, et il avait promis de nous écrire. si vous en avez reçu faites-m’en part.

Rien de nouveau absolument. Désarbret[4] a dû recevoir une lettre de moi dont a bien voulu se charger M. Natalis Delamorlière. Papa[5] a dû recevoir aussi le Recueil de loi que Charles Dumont m’a remis et que j’ai porté de suite à la Diligence de l’éclair. le paquet devait partir le lendemain 26. Comme l’adresse était sur un papier gris, il pourrait se faire qu’elle se fût déchirée et que vous soyez obligé de l’aller réclamer.

Je vous embrasse en commun et en particulier

C. Duméril.


Notes

  1. Auguste (l’aîné), frère d’André Marie Constant Duméril.
  2. Après le traité de Campo-Formio (17 octobre 1797) qui organise une République cisalpine autour de Milan, Modène et Bologne, le Directoire poursuit en Italie une politique de propagande et d’annexions.
  3. Florimond dit Montfleury (l’aîné), frère d’André Marie Constant Duméril.
  4. Joseph Marie Fidèle dit Désarbret, frère d’André Marie Constant Duméril.
  5. François Jean Charles Duméril.

Notice bibliographique

D’après l’original (il existe également une copie dans le livre des Lettres de Monsieur Constant Duméril, 2ème volume, p. 52-54)

Pour citer cette page

« Vendredi 19 octobre 1798, 28 vendémiaire an VII. Lettre d’André Marie Constant Duméril (Paris) à sa mère Rosalie Duval (Amiens) », Une correspondance familiale (D. Poublan et C. Dauphin eds.), https://lettresfamiliales.ehess.fr/w/index.php?title=Vendredi_19_octobre_1798,_28_vend%C3%A9miaire_an_VII&oldid=60613 (accédée le 20 avril 2024).

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